HISTOIRE ALLEMANDE

L’histoire de l’Allemagne est complexe et varie selon les limites géographiques et historiques dans lesquelles on considère le territoire et l’ethnogenèse du peuple allemand. 

L’ Allemagne n’existe en tant que nation que depuis 1871. Avant cette date, elle ne pouvait être considérée que comme une région culturelle où de nombreux territoires, avec une indépendance très variable, possédaient chacun leur histoire et il n’est pas facile de prime abord de distinguer ce qui fait réellement partie de l’Allemagne.
 
La lutte contre Rome
Une des plus importantes batailles lors de la période romaine fut la bataille de la forêt de Teutoburg en 9 av. J.-C., où les tribus germaniques Chérusques, menées par Arminius (Hermann en Allemand) attirèrent les trois légions romaines du général Publius Quintilius Varus dans un piège et les exterminèrent. L’épisode reste unique par l’un des premiers emplois de tactiques de guérilla enregistrés dans l’Histoire et par l’humiliation que subit Rome. Après cela, les Romains n’essayèrent jamais réellement d’étendre leur Empire à l’est du Rhin mais construisirent un limes (mur continu) du Rhin au Danube afin de se protéger.
 
Le royaume franc
Après un siècle et demi de pression sur les frontières romaines, des tribus ou fédérations de peuples, drainant sans doute en grande partie des réfugiés, à savoir les Vandales, Burgondes, Alamans et Saxons, traversèrent le Rhin et pillèrent les régions occidentales de l’Empire. 
 
Alors que l’Empire romain se germanisait en accueillant un nombre important de ces barbares à son service pour lutter contre d’autres, nouveaux-venus plus menaçants, et tandis que la situation économique et sociale romaine se dégradait, certains chefs germains, tels le Vandale Stilicon, surent se hisser aux plus hautes dignités impériales.
 
Au cinquième siècle, certaines de ces peuplades germaniques établirent des royaumes plus ou moins éphémères dans les régions de l’Empire romain qui correspondent actuellement à l’Angleterre (les Angles et les Saxons), à la France (Francs et Burgondes), à l’Espagne (Wisigoths) et même à la Tunisie (Vandales).
 
Parmi ces royaumes barbares, le royaume des Francs était promis à un bel avenir. Seul royaume germanique mené par des rois chrétiens catholiques, il perdura sous différentes formes durant plusieurs siècles.
 
D’abord sous la dynastie des Mérovingiens (VIe-VIIIe siècle) dont le fondateur, Clovis (Ludovicus), un Franc neustrien, se convertit à la religion chrétienne à Reims en 496 tandis que la culture latine se perdait en Occident.
 
Puis sous la dynastie des Carolingiens, après que Charles Martel, un Franc austrasien eut usurpé le pouvoir à l’issue d’une crise économique et démographique qui parachevait de fait la disparition de la culture romaine et l’entrée dans le Moyen-âge.
 
Sous le règne de son petit-fils connu sous le nom de Charlemagne (du latin Karolus Magnus, c’est-à-dire Charles le Grand), le troisième souverain carolingien, les Francs conquirent la Bavière en 788 et la Basse-Saxe en 804.
 
Charles fut couronné Empereur des Francs et des Romains en 800, principalement à l’instigation du pape et en raison de la pression qu’exerçait sur Rome une autre peuplade germanique arrivée tardivement et convertie à l’Arianisme : les Lombards. Le royaume des Francs couvrait alors la majeure partie de la France et de l’Allemagne, formant la base des deux futures nations.
 
Dans le même temps, le centre du pouvoir s’était déplacé vers l’Est (de l’Austrasie, région de Trèves et berceau des Austrasiens, jusqu’à la Saxe nouvellement conquise et à peine pacifiée), préfigurant le fait que l’Empire allait survivre en Germanie.
 
Le Saint Empire Romain Germanique
Après la mort du roi franc Louis le Pieux, les terres franques furent divisées lors du traité de Verdun en 843 entre une partie occidentale, la base de la France, une partie orientale, le futur Empire Romain Germanique et une région centrale qui provoqua la rivalité franco-allemande. 
Après la mort du dernier dirigeant de la lignée de Charlemagne à l’est en 911, la royauté passa d’abord à Conrad puis en 919 à Henri l’oiseleur, fondateur de la dynastie saxonne. Son fils, Otton Ier le Grand fut couronné empereur (en allemand, Kaiser, qui dérive de César) en 962. Cet Empire, plus tard appelé « Saint Empire Romain Germanique » (Heiliges Römisches Reich deutscher Nation) survécut jusqu’à sa dissolution en 1806 après les succès militaires de Napoléon Ier, mais en étant, pendant la plus grande partie de son histoire, une confédération sans réelle cohésion.
 
 
L’Empire allemand (1871-1918)
 
L’unité allemande
En 1866, le premier ministre prussien Otto von Bismarck annexa le Schleswig-Holstein, en condominium entre la Prusse et l’Autriche depuis leur victoire contre le Danemark lors de la courte guerre des Duchés en 1864. Dans la guerre austro-prussienne qui s’ensuivit, l’Autriche fut sévèrement défaite à la bataille de Sadowa, ce qui permit à Bismark de former la Confédération de l’Allemagne du Nord excluant l’Autriche. 
Après que Bismarck eut provoqué la France, la guerre franco-allemande éclata en 1870 et les États du Sud de l’Allemagne, percevant la France comme l’agresseur, se joignirent à la confédération. La France subit une défaite humiliante et le roi de Prusse Guillaume Ier fut proclamé empereur de l’Empire allemand à Versailles en 1871.
 
De Bismarck à Guillaume II
Bien qu’il fut autoritaire sur beaucoup de sujets, l’empire permit la création de partis politiques et était très avancé socialement pour l’époque, du fait de la volonté de Bismarck de couper l’herbe sous les pieds des socialistes. Ce second Reich prospéra sous la direction de Bismarck jusqu’à la mort de l’empereur (1888). Son fils et successeur, Frédéric III, ne régna que 99 jours avant de décéder d’un cancer et de laisser la couronne au jeune et impétueux Guillaume II qui, ne s’entendant pas avec lui et étant souvent en désaccord sur la politique à mener, força Bismarck à démissionner en 1890. 
En Allemagne, le parti social-démocrate grandit progressivement juqu’à devenir pour un temps le parti socialiste le plus puissant du monde, remportant un tiers des votes lors des élections de janvier 1912 au Reichstag (le parlement de l’Empire). Le gouvernement resta toutefois entre les mains d’une lignée de partis conservateurs, soutenus par le clergé catholique et très dépendants des faveurs du Kaiser.
 
A l’étranger, les efforts coloniaux allemands initiés en 1884 mais surtout relançés sous Guillaume II, motivés par la volonté affirmée de « se faire une place au soleil », n’aboutirent qu’à un petit empire d’outre-mer comparé à ceux de l’Angleterre et de la France. La politique étrangère qui en découla (notamment des programmes et lois permettant la création d’une importante flotte de guerre en 1898 en 1900, mais aussi les crises provoquées sur la question marocaine) poussa le Royaume-Uni à s’associer à la France et à la Russie, déjà alliées, formant ainsi l’Entente.
 
 
La Première Guerre mondiale
Le faible équilibre des forces en Europe se rompit lorsque l’Autriche-Hongrie, alliée à l’ Allemagne depuis 1879, déclara la guerre à la Serbie en juillet 1914 après l’assassinat à Sarajevo de l’héritier du trône autrichien. La Serbie étaient soutenue par la Russie, elle-même l’alliée de la France. Suivant l’ordre le mobilisation générale russe, l’ Allemagne déclara la guerre à la France et à la Russie en une sorte de frappe préventive. 
C’était le début de la Première Guerre mondiale. Malgré d’importantes victoires au début du conflit, l’Allemagne et ses alliés furent battu par l’Entente renforcée en 1917 par l’arrivée des États-Unis. Le Kaiser Guillaume II fut forcé de s’exiler en novembre 1918, poussé par une révolution menée par les sociaux-démocrates et les communistes (spartakistes) – qui tentèrent plus tard (janvier 1919) leur propre coup d’État, qui échoua. A la tête de la délégation allemande Matthias Erzberger mène les négociations et signe le 11 novembre 1918 l’armistice à Rethondes.
 
En juin 1919, le Traité de Versailles marqua officiellement la fin de la guerre. Il fut signé dans la Galerie des Glaces de Versailles, l’endroit même où le second Reich avait été proclamé. L’ Allemagne perdit des territoires au profit de la France, de la Belgique et de la Pologne (qui fut recréée) et dut payer pour les réparations pour sa prétendue responsabilité dans la guerre. C’est aussi à l’issue de la guerre que l’Allemagne va perdre ses colonies.
 
La République de Weimar (1919-1933)
La république de Weimar d’après-guerre fut une tentative d’établissement d’un régime pacifique et démocratique en Allemagne. Cependant, le gouvernement fut sévèrement handicapé et peut-être condamné à cause des difficultés économiques et de la faiblesse inhérente à l’État de Weimar. 
Lors des premières années, elle dut lutter contre des révoltes de gauche et de droite (1919-1923) et contre l’hyperinflation en 1923. Les années suivantes, la condition de l’ Allemagne s’améliora avec la remise des paiements à effectuer en tant que réparation pour la guerre et l’amélioration des relations avec ses anciens ennemis. Une succession de gouvernements de coalition rétablirent un ordre et une prospérité relative jusqu’à la Grande Dépression en 1930
 
Le nouvelle crise économique combinée avec le souvenir de l’hyperinflation de 1923 et les oppositions nationalistes luttant contre les conditions draconiennes du traité de Versailles minèrent le gouvernement de l’intérieur et de l’extérieur. Adolf Hitler et son Parti national-socialiste des Travailleurs allemands (NSDAP ou nazi) insistèrent sur ses difficultés et sur le chômage grandissant. En défendant une doctrine nationaliste et raciste et en promettant de redonner du travail aux chômeurs, les Nazis attribuaient de nombreux maux de l’Allemagne à de prétendus complots juifs, soutenant même que la Première Guerre mondiale avait été perdue à cause d’une trahison juive (le Dolchstoßlegende).
 
La montée et la chute du nazisme (1933-1945)
Après le succès du NSDAP aux élections de 1932 (premier parti, sans toutefois disposer de la majorité au Reichtag), Hitler fut nommé Reichskanzler (Chancelier) par le président Paul von Hindenburg le 30 janvier 1933 grâce à l’aide des monarchistes, des magnats de l’industrie et des partis conservateurs comme le Parti Nationaliste (DNVP). Après la mort du maréchal Hindenburg, le président du Reich et chef de l’État le 2 août 1934, Hitler réunit les deux rôles de Président et de Chancelier sous le titre de Führer (chef, guide) de l’ Allemagne. Une fois au pouvoir, il commença par abolir les libertés démocratiques et les partis de l’opposition, débutant ainsi le IIIe Reich. 
En six ans, le parti nazi prépara l’ Allemagne à la Seconde Guerre mondiale et édicta des lois discriminatoires contre les juifs et les autres minorités étrangères. Le gouvernement nazi tenta de supprimer la population juive en Allemagne et dans les pays conquis par la déportation dans des camps de concentration puis plus tard par un génocide connu sous le nom de Shoah. Ils appliquèrent la même méthode pour les populations gitanes et tziganes.
 
Après avoir annexé l’Autriche en mars 1938 puis placé la Tchécoslovaquie sous son protectorat, l’ Allemagne marque le début de la Seconde Guerre mondiale en envahissant la Pologne le 1er septembre 1939. Elle est alliée principalement au Japon et à l’Italie, et les trois forment l’Axe. Après des succès initiaux, le cours de la guerre change en 1942.
 
L’ Allemagne, bien qu’ayant perdu toutes ses colonies y fut un acteur influent en participant à la surenchère internationale que ces pays durent subir pendant la guerre. Le régime Nazi tenta grâce à la radio de sapper le moral et de créer des révoltes dans les colonies. Elle tenta de se rapprocher des pays dominés par les Alliés afin obtenir des matières premières, et devint de cette manière amie des colonies. Cette démarche participa au processus de décolonisation, car en proposant plus que les métropoles, l’Allemagne provoqua une autoréflexion sur la situation dans les colonies.
 
1945 marque la défaite de l’Axe. L’Europe est en ruine, il y a eu des dizaines de millions de morts dont de très nombreux civils, six millions de juifs assassinés dans les camps de concentration, vingt millions de soviétiques sont morts au court du conflit. L’ Allemagne perdit de nombreux territoires à l’est, toutes ses infrastructures économiques et politiques et le pays fut divisé.
 
L’Allemagne depuis 1945
Les Allemands parlent souvent de l’année 1945 comme de la Stunde Null (l’heure zéro) pour décrire l’effondrement de leur pays. La conférence de Potsdam marque la séparation de l’ Allemagne en quatre zones distinctes, une sous surveillance russe et les autres sous surveillance occidentale (États-Unis, Grande-Bretagne, France). La première formera la RDA, République démocratique allemande et les trois autres la RFA, République fédérale d’ Allemagne. Ces deux pays resteront séparés jusqu’à la date symbolique de la chute du mur de Berlin en 1989 qui marque la fin de la guerre froide et seront effectivement réunifiés le 3 octobre 1990, jour qui deviendra dès lors le jour de la Fête Nationale allemande.
Durant l’après-guerre, la RDA, totalement sous le joug soviétique, ne jouera pas de rôle significatif sur la scène internationale, si ce n’est celui d’une vitrine du communisme. Sa sœur RFA sera par contre, avec la France, l’un des moteurs de la construction européenne. Du traité de l’Élysée à l’avènement de l’euro, on ne peut oublier le rôle majeur de la RFA. Comment après "l’année zéro" un redressement aussi rapide fut-il possible ?
Tout d’abord, l’aide américaine (Plan Marshall) pour la reconstruction européenne fut plus intense en RFA que partout ailleurs, par crainte des américains que cette zone frontière avec les pays sous emprise soviétique ne tombe du "côté obscur". Ensuite, ce fut la volonté de chancelliers exceptionnels, qui, sans nier la responsabilité allemande dans la Shoah considéraient que l’ Allemagne ne devait pas se contenter de pleurer sur son passé mais regarder également vers l’avenir. De Konrad Adenauer à Helmut Kohl, ils n’ont eu de cesse de faire prendre à l’Allemagne son rôle majeur dans l’Europe en construction.
 
 


les Grandes étapes de l’histoire allemande por Montaigu-Vendee