HISTOIRE – ALBANIE

De l’Antiquité au Moyen-âge

On considère généralement que le peuple Illyrien est l’ancêtre des actuels albanais. Ils apparurent environ 1000 ans avant J.C., à une époque charnière entre l’âge du bronze et l’âge du fer. Les archéologistes les associent à la culture du Hallstatt. La langue albanaise actuelle trouve ses origines indo-européennes dans la langue illyrienne. Le royaume illyrien du IVe siècle av. J.-C. est vaincu en -385 par Philippe II de Macédoine, père d’Alexandre le Grand. 
L’Empire romain commencera la conquête de cette région au IVe siècle av. J.-C. et intégrera un partie de l’actuelle Albanie en créant la province d’Illyrie en -9. Après l’éclatement de l’empire romain en 395, elle deviendra province de l’Empire byzantin. Suivront plusieurs vagues d’invasions barbares (Goths, Huns), et elle sera soumise au royaume de Bulgarie au VIIIe siècle. Les populations illyriennes autochtones se réfugient alors dans les montagnes. C’est sans doute à ce moment que la notion de peuple albanais commence à prendre forme. On voit apparaître le terme en 1081 dans un écrit d’un empereur byzantin. Les serbes occupèrent à leur tour le nord et l’est de l’Albanie vers la fin du XIIe siècle, et l’inclurent dans un éphémère empire au XIVe siècle, dirigé par Stefan Dusan.
 
La domination ottomane
L’invasion turque de la fin du XIVe_siècle sera contrée par Skanderbeg, le héros national albanais, entre 1443 et 1478, avec l’aide des villes italiennes chrétiennes et du Vatican. Mais finalement l’Empire ottoman finira par s’imposer durablement en 1478, douze an après la mort du prince albanais. Le pays sera alors largement islamisé, et connaîtra une importante vague d’émigration en direction de l’Italie, de la Grèce et de l’Égypte. Les enfants chrétiens des familles albanaises dominantes seront souvent enlevés et convertis à l’islam, puis éduqués en turquie. Certains deviendront de redoutables guerriers dans la garde d’élite du sultan, les janissaires.
 
Sur le terrain, l’influence ottomane devint prépondérante dans les plaines, mais les zones montagneuses permirent aux tribus (Gegs au nord et Tosks au sud) de conserver un mode de vie ancestral, patriarcal, qui perdure encore parfois aujourd’hui. Au fil des siècles d’occupation, le pouvoir central ottoman aura de plus en plus de difficultés à contrôler ses régions en bordure de l’empire. Au cours du XVIIIe_siècle, les chefs locaux regagnent en puissance, entretenant des hommes armés, se combattant mutuellement pour affirmer leur pouvoir. L’empire ottoman tentera de reprendre la main au cours du XIXe_siècle, après avoir réduit les velléités d’indépendance de la famille Bushati et d’Ali Pasha. Le pays fut redécoupé administrativement, des écoles islamiques ouvertes et de nouveaux gouverneurs nommés par le pouvoir central.
 
La naissance d’une nation
Dans les années 1870, le gouvernement turc se rendit compte de la vanité de ses efforts pour maintenir l’intégrité de l’empire. Partout dans les Balkans se développait l’idée du nationalisme. Les albanais seront parmi les derniers à développer cette conscience nationale, d’une part à cause de leurs liens importants avec l’islam, mais également à cause de leurs dissensions internes et à la crainte de tomber sous le joug des nations voisines émergentes (Serbie, Monténégro, Bulgarie et Grèce.
 
Le mouvement se concrétisa avec la constitution de la Ligue de Prizren, en 1878 qui réclama l’autonomie. C’est en 1912, lors de la première guerre des Balkans, que l’indépendance fut proclamée, alors que le pays était la convoitise de ses voisins. Les puissances européennes la reconnurent en 1913, mais le jeune état tomba rapidement dans le chaos de la Première Guerre mondiale. Il fut tour à tour occupé par la Grèce, l’Italie, la Serbie et le Monténégro, puis par les Austro-Hongrois et Bulgares.
 
L’entre deux guerres
L’indépendance de l’Albanie est internationalement reconnue, par le traité de Tirana de 1919, notamment sous la pression des USA, alors que certains états européens prévoyaient de diviser le pays entre ses voisins. L’Albanie recherche plutôt l’aide et la protection italienne, comme bouclier contre les appétits des autres états balkaniques. L’influence de l’Italie ne cesse de croître à cette époque. Ahmet Zog, un chef conservateur musulman, prend le pouvoir et se fait proclamer roi en 1928, mais l’Italie fasciste de Benito Mussolini envahit le pays en 1939 et le renverse.
 
La Seconde Guerre mondiale et l’ère communiste
Commence alors une période d’occupation par les forces italiennes et allemandes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des mouvements de résistance s’organisent, nationaliste et communistes, avec le soutien de leurs homologues yougoslaves. Le leader communiste Enver Hoxha devient président d’une république populaire proclamée en 1946, et s’installe de fait en dictateur du pays.
 
La politique qu’il suit est au départ d’inspiration stalinienne (rupture avec Tito en 1948 lorsque celui-ci prend ses distances avec l’URSS), mais le pays s’écartera de l’influence soviétique en 1961 avant de s’aligner sur la Chine. Finalement, les dirigeants choisiront la voie d’un isolationnisme complet à partir de 1978, cherchant à vivre en complète autarcie.
 
Le pays s’enfonce encore davantage dans l’isolement, la répression, le retard technologique et économique. En 1980, l’ancien compagnon d’armes de Hoxha, Mehmet Shehu, ne sera pas choisi pour succéder au dictateur dont la santé déclinait. Il sera retrouvé mort en 1981, suicidé, mais on soupçonne un assassinat politique. Sa famille et ses partisants furent démis de leurs fonctions politiques, et Mehmet Shehu fut accusé après sa mort d’avoir été un espion à la solde de pays étrangers.
 
L’ouverture démocratique
Après la mort de Enver Hoxha en 1985, le communiste Ramiz Alia prend la tête du pays mais le régime s’ouvre au multipartisme en suivant le mouvement amorcé dans d’autres pays communistes européens. En 1992, le Parti démocrate albanais domine le Parti de travailleurs de l’ancien dictateur et Sali Berisha devient le premier président démocratiquement élu. Une nouvelle constitution ratifiée en 1998 pose les bases d’un état de droit garantissant les libertés individuelles. Depuis, la majorité a déjà changé plusieurs fois de camp.
 
La situation demeure pourtant instable et l’état doit lutter contre la corruption et le crime organisé. Les territoires septentrionaux, qui ont accueilli des centaines de milliers de réfugiés provenant du Kosovo, sont mal contrôlés par le gouvernement central. Un scandale financier (la banqueroute de sociétés d’épargne en 1996), en ruinant nombre d’albanais, a discrédité la classe politique et a montré les difficultés économiques qui restent à surmonter.