ECONOMIE – ALBANIE

 L’ Albanie est composée de deux régions: la Guéguérie au nord et la Tosquerie au sud. Bien que la plupart des gisements de cuivre et de chrome se trouvent dans cette partie septentrionale, la Guéguérie est la région la plus pauvre. Cette différence tient à la fois aux contraintes du milieu physique et à des choix politiques du régime communiste, qui a privilégié la Tosquerie. L’ Albanie est un pays très agricole et rural. L’agriculture, qui constitue le principal support de l’économie nationale, représente ces dernières années 50 % du PIB et occupe plus de la moitié de la population. En 1997, des salariés d’entreprises en banqueroute ont regagné les villages pour s’assurer de quoi subsister. Elle privilégie les céréales, la vigne, l’olivier, le tabac et la betterave et est particulièrement développée dans la plaine littorale, qui, après les programmes d’assainissement de 1930 et de 1950, est devenue la région la plus fertile d’ Albanie. Le secteur agricole a connu en 1993 une amorce de reprise après la distribution gratuite de petites parcelles aux paysans: cette action correspondait pour une part au démantèlement des anciennes coopératives. Mais cette privatisation a aussi provoqué un morcellement des exploitations (1,5 ha en moyenne) et, sur les hautes terres d’élevage du Nord, des problèmes de partage avec la revendication de rétrocession d’anciens propriétaires. En 1997, la production agricole s’est, malgré la crise, maintenue à un bon niveau et les exportations de fruits et d’olives ont repris. 

L’économie albanaise a connu un quasi-effondrement en 1996 et 1997 lorsque plusieurs pyramides financières firent faillite et entraînèrent la ruine d’une centaine de milliers de petits épargnants floués à jamais. 

Le secteur industriel, déjà extrêmement fragilisé (il ne représentait plus qu’environ 10 % du PIB à la fin de 1993) malgré un début de restructuration, a subi de plein fouet les effets de la crise de 1996-1997. L’appareil productif a pratiquement cessé de fonctionner dès le début des émeutes (à l’exception de certaines entreprises étrangères qui avaient décidé de s’organiser pour assurer leur sécurité) et la production industrielle a ainsi connu une baisse de plus de 20 %. 

En dépit du délabrement du tissu économique et industriel, le gouvernement a introduit une libéralisation complète des prix, fermé des entreprises non rentables et stimulé l’investissement des capitaux étrangers qui atteignaient en 1997 26 millions de dollars contre 70 millions l’année précédente. Ces investissements ont essentiellement porté sur le secteur pétrolier, les minerais et les infrastructures. Durant ces dernières années, la survie économique de l’Albanie a dépendu essentiellement de l’aide internationale : opération Pélikan lancée par l’ONU et coordonnée par l’Italie, opération Phare lancée par l’Union européenne. La Banque mondiale a consacré pour sa part un soutien de 70 millions de dollars destinés au budget, à l’aménagement du port de Durrës et à l’assistance technique, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a investi un total de 79 millions d’euros (60 % au secteur privé et 40 % au secteur public), tandis que la Banque islamique de développement octroyait 5,2 millions de dollars pour un projet d’irrigation de 7.000 ha dans le Sud-Est (région de Fushë-Korçë). En mai 1998, le pays a obtenu du FMI un soutien financier à long terme en échange de la promesse de réformes et, en juin, le Club de Paris a effacé 50 % de la dette extérieure du pays. La Banque mondiale se prépare à verser une aide de 30 millions de dollars à l’Albanie pour compenser ses pertes de revenus dues à la crise du Kosovo, estimées à 154 millions de dollars. 

Le gouvernement albanais s’est engagé dans la poursuite d’un plan de redressement financier et l’inflation qui avait atteint 40 % en 1997 est redescendue à 8,1 % en 1999 tandis que le taux de croissance atteignait 10 %. 

Dans un mémorandum adressé à la mi-décembre 1998 au FMI, le gouvernement affirmait sa volonté de poursuivre les réformes structurelles engagées.