L’HISTOIRE CROATE

La Croatie, indépendante depuis 1991 fut tout au long de son histoire au carrefour de quatre grands espaces culturels, ce qui conféra une étonnante richesse à son patrimoine, tant architectural qu’artistique. En effet, outre le caractère slave de ses habitants – traditionnellement chrétiens de rite romain et utilisant un alphabet à caractères latins –, les influences vénitienne sur la côte dalmate d’une part, et austro-hongroise dans les plaines du nord de Slavonie, dans le bassin du Danube d’autre part, y sont manifestes et viennent se superposer à un héritage préroman – romain et byzantin – plus diffus. Le voisinage immédiat de l’Empire ottoman, du XVe au XIXe siècle, dont l’expansion s’est arrêtée en terre croate, a également eu son importance puisque la Croatie en a hérité ses frontières actuelles en forme de « fer à cheval ». 
 
La Croatie contemporaine est également l’héritière du Royaume croate médiéval, d’abord indépendant puis associé à la couronne hongroise et enfin intégré à l’empire autrichien, devenu Autriche-Hongrie en 1867 jusqu’à la Première Guerre mondiale. Au début du XVe siècle, la province côtière de Dalmatie devient vénitienne pour quatre siècle, puis française de 1809 à 1814, au sein des Provinces illyriennes de Napoléon qui mettent fin à la république de Raguse, avant de réintégrer le Royaume Triunitaire de Croatie-Slavonie-Dalmatie, dans le cadre de la monarchie austro-hongroise. Ainsi, ce n’est que le XXe siècle qui verra pour la première fois la Croatie unie à ses voisins slaves, au sein de la Yougoslavie (« Pays des Slaves du Sud »). Celle-ci aura vécu de 1918 à 1991, d’abord sous la forme d’un royaume centralisé sous le sceptre d’une dynastie serbe, puis, après 1945, en tant que fédération populaire de six républiques, dirigée par le communiste d’origine croate, Tito. 
 
Le courant démocratique en Europe de l’Est qui a entraîné la chute du Mur de Berlin en 1989 a également touché la fédération yougoslave où les premières élections libres ont vu la défaite du parti communiste en Croatie, mais aussi en Slovénie, Bosnie-Herzégovine et l’ancienne République yougoslave de Macédoine. Ces bouleversements ont engagé la majeure partie de la fédération dans un processus de démocratisation. Il fut refusé en bloc par la classe dirigeante serbe à Belgrade. La Croatie, touchée en 1991, et amputée du quart de son territoire, s’engagea vers l’indépendance, laquelle fut reconnue par la communauté internationale en 1992. A l’été 1995 les forces croates libèrent la majeure partie du pays.