HISTOIRE de FRANCE

 Protohistoire

Les premières sources écrites concernant les populations des territoires qui deviendront un jour la France sont grecques. Celles-ci – si l’on excepte celles qui concernent la fondation de Massalia par des colons phocéens vers -600 (Thucydide sur Marseille) – se bornent pour l’essentiel à citer les « Cimmériens » au nord et les « Ligures » au sud (du Rhône) sans autre précision géographique.
Il faut attendre Aristote, élève d’Isocrate et de Platon (-384 à -332) pour que soient mentionnées les murs des Celtes, habitants de la Celtique (du grec keltoi) entre Rhône et Alpes. Celui-ci, comme la plupart des historiens antiques antérieurs à la conquête romaine, insiste surtout sur la valeur guerrière et les mœurs barbares (au sens moderne) des Celtes. Il est significatif qu’à l’époque où il écrit, les peuples celtes connaissent alors une phase d’expansion qui les mène jusqu’au delta du Danube et va bien au-delà des limites de la Gaule. Ces sources indirectes n’apprennent donc que peu de choses sur la future France.
 
Principautés du premier Âge du fer (-850 à -450)
Le recours à l’archéologie, en revanche, permet d’établir avec certitude l’irruption de troubles militaires et sociaux dans les sociétés relativement stables du néolithique tardif et de l’âge du bronze. Ces troubles ont lieu vers -850, c’est-à-dire au premier Âge du fer, comme le montre le terminus postquem (la date de la fin d’occupation) de nombreux sites.
 
À cette époque, les archéologues reconnaissent l’existence de complexes technico-économiques, dont l’un – situé dans les Alpes – pourrait avoir été proto-celte.
 
Les traits caractéristiques de la période semblent avoir été la domination de principautés de taille relativement importante, régies par une aristocratie guerrière. Ces « princes et princesses de la Celtique » (Patrice BRUN) se font enterrer avec armes et chariots d’apparat, comme à Vix en Côte-d’Or (Bourgogne) ou à Hochdorf (dans le Wurtemberg). Leurs tombes ont également révélé la présence de luxueux objets provenant du pourtour méditerranéen (notamment d’Égypte), ce qui atteste la dimension commerciale de la richesse de ces aristocrates.
 
Les Celtes (-450 jusqu’au IIe siècle avant notre ère)
Vers -450 à -400, à nouveau, des changements importants ont lieu dans les domaines artistique et probablement politique. C’est le moment où apparaît la culture laténienne proprement dite dans notre espace géographique. Traditionnellement, on fait commencer vers cette date la période gauloise (au sens strict). Plusieurs thèses s’affrontent encore pour expliquer les changements que constate l’archéologie.
 
Principalement, elles opposent les tenants de changements sociaux qui se seraient diffusés progressivement sous l’action des relations avec le monde méditerranéen aux tenants d’une invasion proprement dite par des peuples celtes nouveaux venus sur des territoires occupés antérieurement par des populations autochtones qui avaient peu changé depuis la préhistoire.
 
La réalité sociopolitique de ces changements nous échappe pour l’essentiel, et il est probable qu’il faille se contenter d’hypothèses en la matière. La combinaison de changements de ces deux types est l’explication qui semblent aujourd’hui la plus probable.
 
Période gauloise de l’indépendance (IIe – Ier siècle avant notre ère)
En fait, il faut attendre quasiment la veille de la conquête de la Narbonnaise par Rome pour que se lèvent les brumes sur les Gaulois. Le terme (latin Galli) est attesté pour la première fois sous la plume de Caton l’Ancien vers -168, pour désigner les habitants de la Celtique qui avaient envahi la plaine du Pô, c’est-à-dire les habitants de la Gaule cisalpine.
 
Peu après, et dès la fin du IIe siècle, sous l’influence de Marseille ou plus généralement grâce aux liens commerciaux avec le monde méditerranéen, la Gaule est divisée en tribus ou peuples qui sont établis durablement et semblent avoir été bien délimités. Les limites de ces peuples coïncident – dans l’ensemble – avec celles des futures « cités » romaines et par là, avec les limites de la plupart des régions ou des départements français actuels. Les derniers temps de l’époque laténienne connaissent donc une relative stabilité ethnoculturelle. Sur le plan politique, néanmoins et toujours si l’on en croit les sources latines, les monarchies ou les aristocraties gauloises semblent céder le pouvoir à des magistrats élus : les « vergobrets ». C’est ce qui explique à la veille de la conquête la mort du père de Vercingétorix, l’Arverne Celtill, condamné par son peuple.
 
Contrairement à l’image traditionnelle, héritée des auteurs antiques et de la vision moderne, qui a longtemps collé aux « barbares » gaulois, il semble aujourd’hui que la civilisation gauloise de la période précédant immédiatement la conquête romaine ait été particulièrement florissante. L’émergence de véritables villes fortifiées (oppida) de dimensions bien plus importantes que les forteresses des périodes antérieures, en effet, ou encore l’usage de la monnaie y sont des traits caractéristiques d’une civilisation quasiment équivalente à celles de la péninsule italienne dès -300 à -200.
 
Les apports gaulois à la culture romaine de la république tardive, puis de l’Empire, furent nombreux : sur le plan linguistique, dans le domaine de l’artisanat ou encore dans le domaine militaire (le tonneau, l’épée, la cotte de mailles ou encore le savon en font partie).
 
Antiquité
À l’époque antique proprement dite, qui débute avec la conquête romaine, le territoire de ce qui est devenu aujourd’hui la France correspond pour l’essentiel à la Gaule.
 
La fin de l’indépendance gauloise (-125 à -51)
Le sud-est de la France, notamment le Languedoc et la Provence, nommés Gallia togata ou « Gaule en toge » en raison de leur romanisation avancée à la fin de l’indépendance, sont conquis par Rome dès avant la fin du IIe siècle.
 
Sous le prétexte d’une aide militaire apportée à Marseille, le général romain Sextius Calvinus conquiert les territoires des Salyens et provoque la fuite de leur roi : c’est de son nom que dérive celui de la ville d’Aix-en-Provence (latin Aquae Sextiae, « Les eaux de Sextius »), alors que celui de la capitale des Salyens (qui domine la ville, sise sur le plateau d’Entremont, au nord) s’est perdu.
 
En août -121, les Romains, menés par le consul Flavius, affrontent une coallition arverne et allobroge au confluent de l’Isère. Rome, en effet, attaque ce dernier peuple sous le prétexte qu’il avait accueilli le roi salyen comme réfugié. Le roi arverne, Bituit, est alors fait prisonnier et emmené en triomphe en Italie. Au même moment, les Gaulois rivaux de l’hégémonie arverne, à savoir les Éduens, sont reçus au sénat et sont proclamés « amis de Rome ».
 
Après cette défaite gauloise, le reste des territoires situés au sud et à l’est des Cévennes sont rapidement soumis par la force. Tandis que se constitue la première province romaine hors d’Italie : la Narbonnaise, il semble que l’hégémonie arverne ait été déstabilisée sous la double influence de Rome au sud et de ses alliés éduens au nord. Le pouvoir des magistrats, les « Vergobrets » que mentionne les sources, succède à la monarchie sans que la tentation de celle-ci ne disparaisse.
 
Vers -80, toutefois, un chef du nom de Celtill, père du futur Vercingétorix, tente de restaurer un pouvoir régalien sur les Arvernes, comme au temps de Luern et de Bituit. Mais il échoue et est brûlé vif par l’aristocratie de son peuple. Son frère Gobanitio semble avoir été son principal rival lors de cette affaire, puisqu’il est connu qu’il devient alors le premier par son pouvoir chez les Arvernes.
 
Il faut attendre -58, pour que l’ambition d’un homme, Jules César, et la menace que fait peser la pression germanique sur les Gaulois, ne viennent bouleverser l’équilibre politique.
 
Le prétexte ou la raison dernière de l’intervention romaine est la migration helvète : ce dernier peuple, fuyant devant les Germains, désire s’établir en Gaule et menace donc les peuples gaulois, mais aussi en arrière du rempart humain que ces derniers constituent, Rome.
 
Jules César, qui avait été nommé proconsul des Gaules peu de temps auparavant fait alors irruption à la tête de ses légions au nord du Rhône. Pour légitimer son action, il s’appuie sur un senatus-consulte de -61 qui promet assistance au peuple éduen.
 
Dès lors, le jeu politique qu’il mène avec les peuples gaulois tend à faire de lui le réel maître de la Gaule chevelue. Il était en premier lieu apparu comme le défenseur de celle-ci.
 
Il faut attendre janvier -52, avec l’accession au pouvoir de Vercingétorix, pour que les Arvernes et leur clientèle se soulèvent contre l’armée du proconsul : il est certain que la politique de ce dernier avait surtout favoriser leurs rivaux éduens.
 
La Gaule chevelue, conquise par Jules César lors de la guerre des Gaules de -58 à -51, date à laquelle tombe l’oppidum d’Uxellodunum, nous est connue par l’œuvre de son principal acteur : Jules César. Celle-ci, en réalité improprement nommée, ne toucha jamais l’ensemble des territoires gaulois et fut principalement le fait de la résistance du jeune chef arverne Vercingétorix, le vaincu d’Alésia en -52, et de ses fidèles parmi les peuples clients des Arvernes.
 
La Gaule romaine
Contrairement à ce qui a longtemps été admis, la romanisation et la pacification semblent avoir duré au moins un siècle. Les élites furent les plus promptes à servir le conquérant romain en adoptant son style de vie et sa langue. Ce phénomène fut renforcé par les Tables de Lyon lorsque l’empereur Claude donna accès au Sénat romain aux Gaulois. Désormais, on parle de Gallo-romains, bien que le terme n’ait jamais été employé par les contemporains.
 
En 21, de nouvelles mesures financières poussèrent plusieurs peuples gaulois, dont les Andécaves et les Turons à se révolter. Un Éduen nommé Julius Sacrovir prit la tête de paysans insurgés dans le Nivernais et opposa les auxiliaires gaulois qu’il commandait aux troupes romaines. Vaincu, il se donna la mort par immolation.
 
En 69, un Batave Civilis souleva ses troupes en Belgique alors que Vitellius et Vespasien s’affrontaient pour l’Empire. Le Lingon Julius Sabinus, officier gaulois aidé par deux officiers trévires vint à bout de trois légions romaines en garnison sur les bords du Rhin. Il brisa les tables de Lyon et se fit même proclamer « César », mais fut bientôt vaincu par les Séquanes. Pris par les Romains après avoir vécu caché durant neuf années, il finit supplicié avec son épouse.
 
En définitive, cet épisode qui opposa des Gaulois entre eux, Sabinus étant lui-même allié à des Germains, relève plus de troubles intérieurs que d’une volonté de mettre fin à une quelconque domination romaine. La paix qui s’instaura ensuite – si elle fut une paix « en armes » – dura jusqu’aux troubles du milieu du IIIe siècle.
 
Les crises du IIIe siècle
Au milieu du IIIe siècle, en 258, Francs et Alamans franchissent le Rhin et pillent la Gaule. Un éphémère empire des Gaules, sans que celui-ci ait un caractère national, est créé par Postumus, bientôt assassiné par ses soldats.
 
A la même époque, la crise économique et sociale pousse des bandes de Bagaudes révoltés contre l’Empire dans les bois ou dans les régions peu peuplées.
 
L’Empire romain surmonte cette crise et paraît renforcé sous Dioclétien (284 – 313 ou 316) qui met en place le système de la Tétrarchie. C’est son général, le futur empereur Maximien, qui vient à bout de la résistance des bagaudes gaulois.Maximien, qui vient à bout de la résistance des bagaudes gaulois.
 
Les invasions germaniques (406 – VIe siècle)
Dans la nuit du 31 décembre 406 a lieu une invasion massive de l’Empire romain lorsque Vandales, Suèves, Alains et d’autres peuples germaniques franchissent le limes rhénan, profitant de la glace qui a pris les eaux du fleuve. Jusqu’à la fin de l’Empire romain d’Occident en 476 – et malgré les efforts d’Aetius – le pouvoir impérial cède du terrain et les cadres de l’Empire se défont en Gaule. Les Barbares sont installés sous deux statuts : soit comme fédérés – foederati –, soit comme colons – lètes.
 
Moyen Âge
Le Moyen Âge est une période « densément importante » pour l’Histoire de France : la France « moderne », en effet, naît à cette époque.
D’une part c’est la période historique la plus longue (un millénaire) ; d’autre part c’est une période où l’histoire locale est très importante : chaque comté, chaque ville a une importance politique, stratégique, économique, et chaque principauté possède sa propre histoire indépendante, du moins jusqu’à ce que naisse l’État français vers la fin du XIe siècle.
 
Plusieurs dynasties ont régné sur les territoires composant la France au Moyen Âge :
les Mérovingiens, descendants de Clovis 
les Carolingiens, descendants de Charlemagne 
les Capétiens puis les Valois, descendants d’Hugues Capet.
 
Les origines de la France (Ve – IXe siècles)
La France doit son nom aux Francs. Après l’effondrement de l’Empire romain d’Occident en 476, les succès militaires et politiques de ce peuple germanique et la conversion au christianisme orthodoxe (c’est-à-dire au catholicisme romain par opposition à l’hérésie arienne) de son roi, Clovis, en 496 ou en 498, permirent aux Francs occidentaux de mettre la main sur l’essentiel de la Gaule. Sous la dynastie des successeurs de Clovis, les Mérovingiens, l’ancienne province romaine acheva de se germaniser.
 
Durant cette première phase de formation des traits de la civilisation médiévale classique, la notion d’État, c’est-à-dire de « bien public » (latin res publica) héritée de la Rome antique disparut, tandis que s’imposait la confusion entre biens d’État et domaine privé du souverain.
 
À la fin de l’époque mérovingienne, cependant, les rois avaient perdu l’essentiel de leurs pouvoirs tandis que les « maires du palais », aristocrates francs, dirigeaient les affaires du royaume.
 
Tandis qu’une division politique entre l’ouest (la Neustrie) et l’est (l’Austrasie) s’instaurait, le nom de la Gaule resta en usage chez les lettrés chrétiens jusqu’à la dynastie suivante, celle des Carolingiens.
 
La naissance de la France sous les Carolingiens (IXe – Xe siècle)
Ceux-ci, dont les ancêtres d’origine austrasienne avaient été maires du palais à plusieurs reprises (notamment avec Charles Martel, le vainqueur de la bataille de Poitiers en 732), ne prirent la couronne qu’avec Pépin le Bref, en 751. Le royaume des Francs (latin regnum francorum), unifié par les premiers Carolingiens, connut sa plus grande expansion sous Charlemagne qui se fit couronner « Empereur des Francs et des Romains » à Rome à la noël 800. Celui-ci étendit le royaume jusqu’en Saxe à l’est (dilatatio regni), en Bretagne à l’ouest et jusqu’au pays basque au sud.
 
Il fallut néanmoins attendre près d’un demi-siècle pour que la Francie, terme qui désigna en premier lieu les territoires du royaume originel des Francs, ne donne naissance à la France.
 
Cette dernière fut dans un premier temps appelée Francie occidentale par opposition à la Francie orientale, sous le règne du petits fils de Charlemagne, Charles le Chauve. En 842, les serments de Strasbourg, puis le traité de Verdun, en 843, achevèrent d’établir la distinction entre les territoires qui allaient devenir la France et les territoires qui allaient devenir la Germanie.
 
En 845, Nominoë, missus dominicus de la Bretagne (Princeps Veneticae civitatis), écrase les troupes de Charles le Chauve à la bataille de Ballon. L’indépendance de la Bretagne est reconnue par Charles le Chauve. Les Francs perdent Rennes, Nantes et le pays de Retz. En 856, au traité de Louviers, Erispoë est officiellement roi de Bretagne. Le traité d’Entrammes en 863 reconnaît à la Bretagne le Maine et une partie de l’Anjou, et en 868, le traité de Compiègne lui concède les droits sur le Cotentin et l’Avranchin.
est reconnue par Charles le Chauve. Les Francs perdent Rennes, Nantes et le pays de Retz. En 856, au traité de Louviers, Erispoë est officiellement roi de Bretagne. Le traité d’Entrammes en 863 reconnaît à la Bretagne le Maine et une partie de l’Anjou, et en 868, le traité de Compiègne lui concède les droits sur le Cotentin et l’Avranchin.
 
La lutte pour étendre le domaine royal sous les premiers Capétiens (XIe – XIIe siècle)
Les successeurs des derniers Carolingiens, les premiers Capétiens avaient peu de pouvoir sur leurs plus puissants vassaux à la tête de principautés, et ne possédaient qu’un domaine peu étendu, réduit pour l’essentiel à l’Île-de-France, vestige du duché de France de Robert le Fort. Ils parvinrent néanmoins à rendre héréditaire leur lignage et, par une politique habile suivie par la plupart d’entre eux, à accroître significativement le domaine royal, pour en faire un des royaumes les plus puissants d’Occident.
 
Les principautés se constituent : comté d’Anjou, duché d’Aquitaine, duché de Bourgogne, Bretagne, comté de Flandre, duché de Normandie.
 
Crises et mutations du bas Moyen Âge (XIVe – XVe siècle)
La lignée des Capétiens directs se termina de façon tumultueuse par le règne successif de trois fils de Philippe IV. Le scandale de la Tour de Nesle ébranla le prestige de la royauté. Louis X le Hutin mort prématurément, eut un fils posthume, Jean Ier qui ne vécut que quelques jours : le régent, son frère, devint alors roi sous le nom de Philippe V le Long. Lui-même n’eut pas d"héritiers et la couronne passe au troisième frère, Charles IV le Bel.
 
Faute d’héritier mâle au dernier Capétien direct, le pouvoir passa à une branche cadette, les Valois.
 
Ce choix contraria l’ambition d’un autre prétendant, descendant de Philippe le Bel par sa mère, et qui était Édouard III, roi d’Angleterre. La loi salique interprétée avec talent par les grands féodaux pour écarter cette candidature jugée dangereuse pour leur propre indépendance, fut la cause directe de la Guerre de Cent Ans.
 
Pendant cet interminable conflit, le territoire français fut le champ clos des combats épisodiques mais acharnés entre rois de France et rois d’Angleterre qui voulaient l’être aussi de France. Les grands du royaume s’allient en fonction de leur propre stratégie personnelle et la situation devient extrêmement difficile pendant le règne de Charles VI, devenu fou. Ses proches parents, Louis d’Orléans, frère du roi et le puissant duc de Bourgogne Jean sans Peur, y voient l’occasion d’étendre leur pouvoir et entrent dans une rivalité qui s’acheva par l’assassinat des deux protagonistes et la quasi éviction du dauphin Charles VII devenu le « roi de Bourges » pendant que les Anglais parviennent à faire proclamer leur propre roi. L’irruption dans l’histoire de France de Jeanne d’Arc est un évènement extraordinaire qui entra dans la légende, mais se termina bel et bien par ce que les Anglais furent finalement boutés hors de France malgré la mort de l’héroïne sur le bûcher à Rouen le 30 mai 1431.
 
Les rois de France regagnent prestige et autorité. Ils ont toujours à faire à forte partie, en particulier avec les ducs de Bourgogne, les Grands Ducs d’Occident. Philippe le Bon et Charles le Téméraire seront les principaux rivaux de Charles VII et de son fils Louis XI. À leurs possessions bourguignonnes, ils ont joint les Pays-Bas, et se posent parmi les plus puissants souverains d’Europe. À la mort du Téméraire, une partie de ses possessions reviennent à sa fille, Marie de Bourgogne, épouse de Maximilien d’Autriche : un nouveau danger se précise.
 
Le Moyen Âge s’achève sur la disparition des grandes principautés : duché de Bretagne et duché de Bourgogne.
 
Epoque moderne
 
La fin du monde médiéval
Lorsque François Ier monte sur le trône, son principal compétiteur en Europe est Charles-Quint dont les domaines encerclent le royaume de France. La rivalité entre les deux souverains et leurs successeurs va occuper le XVIe siècle, chacun essayant de nouer les alliances, parfois compliquées de considérations religieuses qui leur permettent d’espérer l’emporter. Le catholique François Ier va nouer une alliance avec le sultan Soliman le Magnifique ou les princes protestants allemands pour prendre à revers le non moins catholique Charles Quint. Chacun d’eux essaye de s’attirer la faveur du peu recommandable Henri VIII d’Angleterre, qui rompt avec Rome pour pouvoir se remarier…
 
L’Époque moderne débute par la Renaissance. Ce mouvement philosophique et artistique, puis socioculturel conduit à l’affirmation du rôle prépondérant de l’Homme dans l’univers – à travers l’Humanisme – et aboutit à une remise en cause de l’emprise de l’Église sur la société.
 
La Renaissance culturelle gagne la France depuis l’Italie, notamment par le biais des Guerres d’Italie, commencées sous le règne de Charles VIII (1483-1498), continuée sous ses sucesseurs Louis XII et surtout François Ier. Celui-ci emmène Léonard de Vinci à sa cour. C’est l’époque de la construction des châteaux de la Loire, dont Chambord est le plus bel exemple. Parallèlement, des progrès techniques considérables ont lieu, amorcés à la fin du Moyen Âge, qui permettent un essor considérable de la production. Ces inventions facilitent aussi la diffusion du savoir, avec l’invention de l’imprimerie, mais aussi l’expansion de la civilisation européenne.
 
Au départ à but économique, la recherche de la « route des Indes » amène la découverte de l’Amérique en 1492 et la prise de conscience pour les Européens de l’existence d’autres cultures. L’ensemble de ces faits, auxquels s’ajoute le schisme protestant, avec la réforme de l’Église entreprise par Luther et Calvin, fait voler en éclats les cadres de la société médiévale.
 
Les guerres de religion
Aux progrès de la Réforme protestante, rendue possible par l’impression et la diffusion de la Bible, s’oppose la contre-Réforme de l’Église catholique. Le durcissement de l’opposition entre catholiques et protestants voit les deux religions s’affronter violemment dans l’ensemble de l’Europe et notamment dans le royaume de France.
 
Le règne d’Henri II (1547-1559), et surtout ceux de ses trois fils François II (1559-1560), Charles IX (1560-1574) et Henri III (1574-1589), furent marqués par cet affrontement entre protestants et catholiques, notamment par les huit Guerres de religion entre 1562 et 1598. Le massacre de la Saint-Barthélemy, commencé dans la nuit du 24 au 25 août 1572, est l’exemple le plus tragique de ces affrontements. À la mort d’Henri III, assassiné par un moine fanatique, et faute d’héritier mâle, le trône passa à une branche cadette, les Bourbons, en la personne d’Henri IV, auparavant roi de Navarre. Mais celui ci étant protestant, il ne fut pas reconnu par les ultra-catholiques de la Sainte-Ligue. Il lui fallut reconquérir son royaume et surtout se convertir au catholicisme, ce qu’il fit en 1593 (il aurait eu à l’occasion le mot célèbre : « Paris vaut bien une messe »). Une fois son pouvoir consolidé, Henri IV mit un terme aux Guerres de religion en promulguant la liberté de culte pour les protestants par l’édit de Nantes de 1598. Aidé de son ministre Sully, Henri IV tacha de remettre sur pied le royaume durement éprouvé par les Guerres de religion ; lorsqu’il est assassiné par Ravaillac, un catholique fanatique en 1610, il lègue à son fils Louis XIII un royaume considérablement renforcé.
de religion ; lorsqu’il est assassiné par Ravaillac, un catholique fanatique en 1610, il lègue à son fils Louis XIII un royaume considérablement renforcé.
 
La monarchie absolue
C’est sous les Bourbons que la monarchie absolue, appelée également Ancien Régime fut au faîte de sa puissance.
 
Louis XIII (1610-1643) succéda à Henri IV, assassiné en 1610. Avec son ministre, le cardinal de Richelieu, il mena une politique de domestication des grands seigneurs du royaume, de durcissement envers les protestants et, sur le plan de la politique extérieure, d’affrontement avec la dynastie des Habsbourg, divisée en deux branches, Espagne et Autriche. Durant le règne de Louis XIV (1643-1715), la France était la puissance politique, économique et culturelle dominante en Europe grâce aux achats de l’Espagne avec les métaux précieux de son empire et à la politique mercantiliste initiée par Fouquet et surtout Colbert . Les nombreuses campagnes militaires de Louis XIV et la confusion entre l’argent de l’État et la Cassette royale, lourdement sollicitée par les fastes de sa cour, conduisirent à des problèmes financiers chroniques durant le XVIIIe siècle.
 
Louis XV succéda à son arrière-grand-père, Louis XIV, mort en 1715. Son règne est très brillant sur le plan culturel, avec l’apparition des philosophes des Lumières tels Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et d’Alembert, mais la France perd son importance politique outre-mer, notamment en Amérique et en Inde où elle cède ses territoires à la rivale Angleterre par le traité de Paris de 1763. Le plus grand problème de de l’État est alors le déficit budgétaire chronique qui conduit à rend le roi dépendant des financiers et des manieurs d’argent. Les tentatives de modernisation du « système fisco-financier », comme le « système » de Law pendant la régence de Philippe d’Orléans n’aboutissent pas. Autre source de paralysie des systèmes de gouvernement, l’opposition des Parlements, cours de justice dominée par une aristocratie se posant en défenseur des lois du royaume. S’opposant à toute tentative de modification du système fiscal, elle empêche la réforme nécessaire de l’État absolutiste. Le petit-fils de Louis XV, Louis XVI est le dernier monarque absolu d’un royaume miné par les problèmes financiers et budgétaires. Il est destitué par la Révolution française.
 
Révolution française
 
La Révolution française est l’événement qui marque dans l’Histoire de France le tournant 
entre « l’Époque moderne » et « l’Époque contemporaine ». C’est aussi la première fois, dans l’histoire de l’Europe depuis l’Antiquité, que le régime monarchique a été renversé, l’épisode de la Révolution anglaise de Cromwell n’ayant pas eu ce résultat. Son impact est également dû aux guerres de la Révolution et de l’Empire qui ont touché une large partie de l’Europe continentale avec la création de « républiques-sœurs » ou la fin du Saint-Empire romain germanique. La période révolutionnaire commence en 1789, avec la réunion des États généraux et la prise de la Bastille, et se termine en 1799 avec le coup d’État du 18 Brumaire.
 
Consulat et Premier Empire
 
La restauration est la période allant de la chute de l’Empire le 6 avril 1814 à la Révolution de 1830. Les Bourbon reviennent au pouvoir. Il s’agit en fait de la « Restauration » de l’Ancien Régime. Cette période fut entrecoupée par l’épisode des Cent-Jours du 20 mars au 22 juin 1815 pendant laquelle Napoléon reprit brièvement le pouvoir. Cet intermède divise la Restauration en une Première Restauration et une Seconde Restauration.
 
Deuxième République
 
La Deuxième République est un régime original dans l’histoire de France, par sa brièveté d’une part mais aussi par sa constitution : c’est le seul régime monocamériste de l’histoire de France.
 
Second Empire
 
Le Second Empire était le régime bonapartiste de Napoléon III de 1852 à 1870, entre la Deuxième République et la Troisième République, en France.
 
La guerre de 1870
La guerre franco-allemande (19 juillet 1870 – 10 mai 1871) opposa le Second Empire français et les royaumes allemands unis derrière le royaume de Prusse (aussi est-elle parfois appelée guerre franco-prussienne). Le conflit marqua le point culminant de la tension entre les deux puissances, résultant de la volonté prussienne de dominer toute l’Allemagne, qui n’était alors qu’une fédération lâche d’États quasi-indépendants. La défaite entraîna la chute de l’Empire français.
 
La Commune de Paris
La Commune de Paris fut un gouvernement révolutionnaire formé à Paris le 26 mars 1871. Dans plusieurs autres villes de France (Marseille, Lyon, Saint-Etienne, Toulouse, Narbonne, Grenoble, Limoges) des communes ont été proclamées à partir du 3 mars 1871, mais elles ont été toutes rapidement réprimées.
 
Troisième République
 
Après la guerre franco-prussienne de 1870, la Troisième République fut instaurée ; elle dura jusqu’à la défaite militaire de 1940.
 
La guerre de 1914-1918
Suite aux fortes pertes en troupes et en matériel causées par la Première Guerre mondiale (1914-1918), la France mit en place, dans les années 1920, un système évolué de défense de ses frontières (la ligne Maginot), une flotte puissante comprenant des cuirassés comme les Richelieu et Jean Bart ainsi que le porte-avion Béarn, ainsi que des alliances avec ses voisins afin de se garantir contre une éventuelle résurgence de la puissance allemande.
 
Seconde Guerre mondiale
 
Gouvernement de Vichy
Elle fut néanmoins rapidement vaincue lors de la Seconde Guerre mondiale, et fut occupée dès juin 1940. La victoire allemande imposa aux Français un gouvernement remanié pour la circonstance : le 10 juillet 1940, le Gouvernement de Vichy était mis en place. Ses vieux dirigeants fermèrent les yeux sur le pillage du pays, et durent accepter l’envoi de Français dans des camps de travail forcé, en Allemagne ; ils espéraient, de cette manière, préserver au moins une partie de la souveraineté française.
 
France libre
Le général de Gaulle s’opposa à l’armistice et quitta la France pour l’Angleterre le 15 juin 1940 pour former et diriger les Forces Françaises Libres. Son appel du 18 Juin au peuple français, via la radio BBC depuis Londres, incita la résistance française (partout où elle se trouvait) contre l’occupant nazi.
 
L’occupation allemande s’avéra finalement une catastrophe économique, puisque l’Allemagne s’appropriait une bonne moitié des revenus du secteur public. Après quatre années d’occupation et de privations, les forces alliées libérèrent la France en 1944.
 
L’après-guerre
Roosevelt avait envisagé de mettre la France sous tutelle de l’administration américaine. De Gaulle refuse cette situation et, le 14 juin, il déclare : Nous combattons aux côtés des alliés, avec les alliés, comme un allié. Et la victoire que nous remporterons sera la victoire de la France. Au fur et à mesure de la libération du territoire Français, chaque ville est le siège d’une lutte d’influence entre la MMLA (Mission Militaire de la Liaison Administrative) et l’AMGOT des forces américaines. En fait, après quelques crispations, les coopération entre les deux administrations sera plutôt efficace.
 
Fin août 1944, le Gouvernement provisoire de Charles de Gaulle s’impose sur le terrain. Il est composé des communistes, des socialistes et des gaullistes. L’engagement des communistes français dans la résistance, le courage des soldats soviétiques et la victoire finale de l’URSS et des alliés procurent aux dirigeants communistes un prestige important dans l’opinion publique. Il faudra attendre mi-octobre pour qu’il soit officiellement reconnu par les États-Unis. Le gouvernement provisoire accorde le droit de vote aux femmes le 21 avril 1944, dans un article 17 de l’ordonnance d’Alger : elles voteront pour la première fois aux élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945.
 
Quatrième République 
En 1946, le gouvernement provisoire céda la place à la Quatrième 
République, instaurée par une nouvelle constitution approuvée par référendum. Mais les tensions internes suite à l’épuration et les divergences concernant les problèmes coloniaux en Indochine et en Algérie conduisirent à des crises successives, et à plusieurs remaniements ministériels.
 
Cinquième République
Finalement, le 13 mai 1958, suite aux événements en Algérie, le gouvernement fut dissout, le Parlement légitima le coup d’État et demanda au général de Gaulle de prendre la direction du pays, afin d’éviter une éventuelle guerre civile. Il devint Président du Conseil en juin 1958 (au début de la Cinquième République), et fut élu président de la République en décembre de la même année.
 
De Gaulle mit en œuvre plusieurs fois la procédure du référendum, et notamment celle qui décida de l’élection du Président de la République au suffrage universel.
 
En 1965, lors de la première élection au suffrage universel direct, de Gaulle fut réélu avec 55 % des suffrages contre son adversaire François Mitterrand.
 
Les évènements de mai 68 démarrèrent sur des campus universitaires et rallièrent les partis de gauche. Le régime sembla vaciller, avec apparence de vacances du pouvoir pendant quelques jours. Mais de Gaulle reprit la main et une grande manifestation sur les Champs-Élysées en sa faveur l’incita à rester. Les accords de Grenelle furent conclus par Georges Pompidou, bientôt remplacé comme Premier Ministre par Maurice Couve de Murville.
 
En avril 1969, le gouvernement de De Gaulle lança un référendum national sur la création de 21 régions ayant des pouvoirs politiques limités et sur la transformation du Sénat en chambre corporative. Le « non » l’emporta lors du référendum et de Gaulle préféra démissionner.
 
Ses successeurs à la tête de la France furent le gaulliste Georges Pompidou (1969-1974), le républicain indépendant Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981), le socialiste François Mitterrand (1981-1995), et le néo-gaulliste Jacques Chirac (élu au printemps 1995, réélu en mai 2002).
 
La France dans la construction européenne
La construction européenne a débuté dès le lendemain de la seconde Guerre mondiale, notamment sous l’impulsion de Jean Monnet, par la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).
 
Elle a été poursuivie sous la Cinquième République par tous les présidents, qu’ils soient de droite ou de gauche. En effet, bien que la France reste très attachée à sa riche histoire et à son indépendance, le pouvoir se situant au moins autant au niveau économique qu’au niveau politique, les dirigeants français travaillent à lier de plus en plus l’avenir du pays au développement de l’Union Européenne. Le créateur de la Cinquième République, Charles de Gaulle, était assez sceptique quant à la construction européenne et bloqua par exemple l’entrée dans la CEE de l’Angleterre qu’il considérait comme le Cheval de Troie de l’Amérique. La construction européenne s’accélère donc pendant la présidence de Pompidou et surtout de Giscard D’Estaing. Pendant la présidence de François Mitterrand, celui-ci insista sur l’importance de l’intégration européenne, et poussa à la ratification du Traité de Maastricht sur l’union économique et politique européenne. Cette ratification fut approuvée par l’électorat français en septembre 1992. En 2003, la France et l’Allemagne ont par plusieurs aspects renforcé leurs liens, le fait le plus marquant étant peut-être la représentation des intérêts de l’Allemagne par le Président de la République française au Conseil européen, attestant de la confiance mutuelle que se portent les deux pays et montrant l’exemple à leurs partenaires européens.
 
Jacques Chirac, l’actuel président de la République, est entré en fonction le 17 mai 1995, après une campagne axée sur la lutte pour l’emploi. Mais pour pouvoir satisfaire aux critères de l’Union Economique et Monétaire européenne, mise en place par le Traité de Maastricht, il fut obligé de mener plutôt une politique de réformes économiques et de rigueur. Fin 1995, la France connut d’ailleurs les plus importantes grèves de la décennie, lorsque les employés protestèrent contre cette politique de rigueur.
 
En politique étrangère, Jacques Chirac mit l’accent sur la protection de la force d’interposition française en ex-Yougoslavie, et aida à promouvoir les accords de paix négociés à Dayton, et signés à Paris en décembre 1995. Avec l’Allemagne et la Russie, la France fut l’un des opposants les plus fermes à la deuxième guerre d’Irak menée par Georges W. Bush et alliés.
 
Après une mémorable sortie de l’OTAN, les gouvernements français se sont montrés défenseurs de la politique de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de l’Union Européenne au Kosovo, puis dans les Balkans.