ECONOMIE – UKRAINE

Une situation globalement très dégradée Avant 1991, du point de vue économique, l’Ukraine n’avait existé que comme un sous-ensemble de l’URSS, et, depuis l’indépendance, la mise en œuvre de nouvelles structures s’accompagne, lorsqu’elle s’accomplit, des plus grandes difficultés. Elle ne semble pas encore avoir trouvé sa stratégie de développement. 
 
L’économie ukrainienne, déjà gravement affaiblie, a de plus subi de plein fouet les retombées de la crise financière asiatique de 1997 et de la crise russe du mois d’août 1998. Le gouvernement ukrainien est cependant parvenu à présenter au FMI un plan d’ajustement. Cependant, l’affaiblissement de la monnaie s’est encore amplifié en 1999, ainsi, après une chute de 44 % en 1998, la monnaie s’est encore dépréciée de 34 % par rapport au dollar en 1999. En 2000, l’inflation est restée pratiquement inchangée depuis 1998. 
 
Agriculture
 
La majeure partie du territoire étant couverte par le tchernozem (terres noires) , l’Ukraine est, depuis l’époque impériale, la grande terre à blé de l’Europe orientale. Les vieux villages ont de plus développé toutes les formes d’élevage, de la volaille aux bovins et — tradition des cavaliers cosaques — aux chevaux. 
 
Le marché agricole a été exploité à la fois par les collecteurs de grains d’Europe occidentale installés à Odessa et par une économie russe dont les investissements, au début du siècle, privilégiaient le secteur industriel. 
 
L’étendue des plaines et la concentration des terres en de vastes exploitations dans le cadre de la collectivisation des années 1930 ont appelé une mécanisation plus rapide que dans la zone forestière russe. L’exemple ukrainien servira de modèle pour la céréaliculture extensive développée plus tard en Sibérie occidentale et sur les «terres vierges» sibériennes et kazakhes. La céréaliculture mécanisée a été associée à la fabrication en grande série de tracteurs et de machines agricoles à Kharkov. 
 
Les campagnes ukrainiennes rassemblent toutes les ressources des grandes plaines européennes, le blé d?abord, ensuite le maïs, la betterave à sucre, le tournesol, les légumes, les fruits et tous les produits de l’élevage. Dans le cadre de l’économie socialiste soviétique, la production était partagée entre le secteur collectif mécanisé des sovkhozes et la production villageoise des petites exploitations familiales alimentant, marginalement, les marchés locaux (marchés kolkhoziens). 
 
Aujourd hui, une des tâches les plus urgentes des responsables du pays est de rééquilibrer l’économie agricole et de restructurer le marché. 
 
L’agriculture a vu sa contribution au PIB passer de 25 % en 1990 à moins de 15 % en 1995. Elle n’a pas connu de modification structurelle fondamentale depuis la disparition du système soviétique (l’agriculture collective, peu efficace, représentait en 1996 80 % des surfaces), le Parlement freinant une privatisation qui pourrait bénéficier au monde non paysan. Les salariés des exploitations collectives peuvent maintenant en devenir actionnaires, mais la création d’un marché foncier se heurte à de nombreux obstacles. La Constitution de 1996 garantit la propriété privée de la terre mais, sous la pression du Parlement, un moratoire de 6 ans a été adopté sur la libre commercialisation des terres agricoles. 
 
Pour la quatrième année consécutive, la production agricole a connu une baisse de 2 % en 1997. La récolte de la betterave à sucre a enregistré une baisse d’environ 25 %, mais la récolte céréalière a été meilleure que celle de 1996. 
 
En 1997, la Banque mondiale à accordé à l’Ukraine un important crédit de restructuration de 300 millions de dollars qui doit favoriser trois axes de la réforme : la légalisation de la privatisation des terres, la fin du système étatique d’obligation de vente et d’achat pour les fournitures et les productions et la mise en place d’un marché libre, la fin du monopole d’État sur les capacités de stockage, de transformation et de distribution. 
 
Ressources minérales et énergétiques La nature a généreusement doté l’Ukraine en associant divers gisements de minerais métallifères à la grande base houillère du Donbass: le minerai de fer de Krivoï-Rog, à l’ouest de la boucle du Dniepr, et ceux, plus éloignés, de l’extrémité orientale de la Crimée, près de Kertch; le manganèse de Nikopol, sur la rive droite du bas Dniepr; la bauxite, au nord de la mer d’Azov (gisement de Marioupol, ex-Jdanov). À ces richesses naturelles «classiques» se sont ajoutées, par l’application des techniques du génie civil, les centrales hydroélectriques, dont les sites étaient indiqués par la nature aux lieux d’encaissement du Dniepr. L’expérience, exemplaire, servit à la fois d’essai technique et de thème de propagande et de prestige. 
 
La grande région industrielle ukrainienne est centrée sur le bassin du Donbass, avec des villes portées sur l’industrie lourde (Donetsk, Makelevka, Kramatorsk, Gorlovka) et la guirlande des cités riveraines du Dniepr inférieur, de Dnieprodjerzinsk à Nikopol. Sa position sur des axes de relations entre la vieille Russie et la mer Noire, entre l’«Est» et l’Europe méditerranéenne et occidentale, a contribué à accélérer le développement qu’appelait la présence des ressources naturelles. 
 
Industrie
 
L’Ukraine n’a pas échappé à la révolution industrielle du XIXe siècle et du début du XXe. Celle-ci a été menée par le gouvernement impérial, mais aussi par les puissances occidentales attirées par des ressources naturelles de première grandeur – mines de charbon, gisements de minerais métalliques – et par la présence d’une main-d’œuvre à bas prix. La révolution de 1917 a rompu les pactes d’intérêt et de coopération technique entre la Russie, devenue URSS en 1922, et les économies européennes, qui y ont perdu une partie de leurs avoirs, prudemment transférés en temps opportun aux «petits porteurs de fonds russes». Mais l’essentiel ayant été fait pour assurer la mobilisation des ressources naturelles, l’Ukraine était devenue une grande région industrielle. 
 
La première base technique fondamentale, le bassin houiller, fut originairement exploitée le long d’un affluent du Don, le Donets, puis sur un ensemble territorial de 25?000 km2, à l’intérieur de la boucle du Don, entre Kramatorsk et Donetsk. Au milieu du XXe siècle, les réserves houillères ont été évaluées à 50 milliards de tonnes placées dans des conditions d’exploitation faciles et à 150 milliards de tonnes situées dans les couches profondes. Riche en types de houille multiples, le bassin a pu répondre aux besoins divers de l’industrie au XIXe siècle et au début du XXe. 
 
Le secteur de l’énergie traverse une crise très profonde. La production de charbon à chuté de 50 % depuis le début des années 1990. Cette branche employait encore cependant près d’un million de personnes en 1997. Le grave accident survenu dans une mine du Donets en avril 1998, qui coûta la vie à 63 mineurs, a révélé l’obsolescence des équipements des houillères, dont la fermeture ne pourra être évitée dans un certain nombre de cas. 
 
La production industrielle connaît en 1997 une diminution de près de 2 % après un recul de 5 % en 1996. 
 
Les industries de base comme l’acier ou la production d’énergie ont connu une embellie tandis que les machines-outils et les industries légères accusaient une régression. Dans le domaine de l’industrie lourde, les secteurs dynamiques sont pour l’essentiel ceux dont la production est largement associée à celle de l’industrie russe limitrophe. 
 
Les industries de défense fournissent encore près d’un quart de la production et représentent un des secteurs les plus dynamiques. 
 
Les cinq centrales nucléaires ukrainiennes fournissent la moitié de la production électrique du pays, dont un quart par la seule centrale de Zaporojie. L’Ukraine bénéficie du soutien des organisation multilatérales et du G7 pour la modernisation du secteur nucléaire, mais des tensions persistent concernant la centrale de Tchernobyl, dont l’état de dégradation et de délabrement est devenu une menace pour tous. Le 17 avril 1999, la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) a à nouveau réaffirmé sa volonté de voir cette centrale fermer en 2000, conformément à un accord conclu en 1995 avec le G7. L’Ukraine menace en effet régulièrement de ne pas fermer la centrale à cette date si la communauté internationale ne finance pas l’achèvement de deux réacteurs aux centrales de Rivne et Kmelnitsky prévues pour la remplacer. 
 
 
Privatisation des entreprises Le processus de privatisation, qui a commencé véritablement en 1993, s’effectue avec une immense lenteur. En 1997, la privatisation concernait plus de 50 % des entreprises, mais un grand nombre d’entre elles (plus de 1?500 en 1998), qualifiées de stratégiques, ont été exclues de cette opération sous la pression d’un Parlement peu favorable aux réformes. La vente des petites entreprises a pu se réaliser plus rapidement, généralement par le biais d’une reprise du capital par les salariés et l’encadrement. Le Parlement a toutefois freiné la cession des petites boulangeries au secteur privé. L’accès des investisseurs étrangers reste très limité et fait l’objet de nombreuses restrictions. L’opération de privatisation, généralement mal conduite, n’a pas permis de développer un capital national d’envergure, ni de transformer en profondeur les relations de propriété. À l’étape suivante, les conditions de fonctionnement du secteur privé restent très difficiles (taxations élevées, attitude restrictive de l’administration, corruption et prélèvements de la mafia, évalués à 11 % des bénéfices par une institution financière internationale). 
 
Les échanges En 1998, l’Ukraine n’est plus guère en mesure que de vendre des minerais, qui représentent un tiers des exportations, et des produits chimiques peu élaborés. Son agriculture lui permet de moins en moins de dégager des surplus pour l’exportation. 
 
Malgré de nombreux essais de diversification du marché depuis l’éclatement de l’URSS, l’Ukraine réalise toujours, en 1998, l’essentiel de ses échanges avec la CEI. Près de 50 % de ses importations (dont 73 % sont des achats de gaz et de produits pétroliers), et environ 26 % de ses exportations. 
 
L’endettement extérieur tend à s’accroître et devrait passer de 9?6 milliards de dollars à la fin de 1997 à 11?5 milliards de dollars en 1995, et en particulier la dette énergétique contractée auprès de la Russie. 
 
En 1997, l’Ukraine a signé un nouvel accord avec la Russie en vue de doubler le volume du commerce entre les deux pays. La société russe Gazprom, notamment, accentue ses pressions pour échanger une partie de la dette ukrainienne contre des actions d’entreprises privatisables. Soucieux de cette évolution, les gouvernements occidentaux et le FMI accordent régulièrement des aides au gouvernement de Kiev et essaient de favoriser l’insertion de l’Ukraine dans des formes de coopération régionale comme le GUAM, ou de structures internationales comme l’OTAN, dont les Russes sont absents, espérant que les autorités ukrainiennes parviendront à consolider leur indépendance.