Etat-nation centré sur l’Anatolie, la Turquie moderne est entrée sous la houlette d’Atatürk dans un processus de modernisation sociale et économique. Cette république laïque, née de l’écroulement de l’Empire ottoman, est aujourd’hui le pays le plus peuplé du Bassin méditerranéen et se trouve à l’intersection de trois ensembles géopolitiques qui l’attirent ou sur lesquels elle peut espérer exercer son influence: l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie centrale avec les Républiques musulmanes de l’ex-URSS.
Le territoire turc (780.580 km2), situé entre 26° et 45° de longitude Est et entre 42° et 36° de latitude nord est amputé des possessions balkaniques et arabes de l’Empire ottoman et associe la Thrace orientale (Turquie d’Europe) et l’Anatolie (Turquie d’Asie). Entouré par quatre mers, il possède 8.372 km de côtes, contre 2.753 km de frontières terrestres – avec la Grèce, la Bulgarie, la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan (Nakhitchevan), l’Iran, l’Iraq et la Syrie.
La Turquie est un pays montagneux se rattachant à la partie centrale de l’arc alpino-himalayen, ensemble de chaînes plissées nées du contact des plaques tectoniques africaine, arabique et indienne avec la grande plaque eurasiatique. La jeunesse du relief se traduit par la répétition de séismes meurtriers.
Dans le Nord du pays, la chaîne Pontique voit se succéder d’ouest en est le massif schisteux de l’Istranca Dag (Thrace orientale), les plateaux de Bithynie et la série des chaînons montagneux de plus en plus élevés dominant brutalement la mer Noire. Les deltas du Kizil Irmak et du Yesil Irmak forment les deux seules plaines littorales. Au sud, le Taurus, second grand ensemble montagneux, dessine deux grands arcs séparés par le rentrant du golfe d’Antalya et de la plaine de Pamphylie. Le Taurus central domine la plaine de Cilicie (en turc Çukurova, «la plaine-fosse»), fermée à l’est par l’Amanos, prolongement des chaînes côtières du Levant. Taurus et chaîne Pontique se rejoignent en Anatolie orientale dans le «nœud arménien», où le cône volcanique de l’Ararat (5.165 m) constitue le point culminant du pays. À l’ouest, une série de blocs soulevés et de fossés d’orientation ouest-est s’interposent entre les deux chaînes, donnant le tracé «en peigne» du littoral égéen. Depuis les vallées égéennes, l’altitude s’élève progressivement jusqu’en Anatolie centrale, région formée d’un ensemble de bassins, de chaînons et de massifs volcaniques isolés.
Capitale politique, Ankara réunit les organes du gouvernement, les sièges sociaux des entreprises nationales, les administrations civiles et la direction de l’armée. Bourgade de 24.000 habitants lors de sa promotion comme capitale en 1923, cette ville comptait 2,5 millions d’habitants au début des années 1990. Istanbul (6,6 millions h.) est démesurément étendue sur les rives européenne et asiatique du Bosphore. La première ville turque a conservé sa prééminence économique et culturelle: premier port du pays avec son annexe du golfe d’Izmit, l’ancienne Constantinople, de loin le premier centre industriel et commercial du pays, concentre les sièges sociaux du secteur privé, les activités culturelles, la presse et l’édition. Trois autres agglomérations anciennement industrialisées, Izmir (1,7 million h.), Adana (91.6000 h.) et Bursa (83.4000 h.), jouent le rôle de métropoles de régions.