L’ Estonie passe à présent pour le plus aisé des États baltes, en raison d’une industrie qui intègre mieux les ressources locales, de la faible proportion de la population active agricole (8 %) et des flux de capitaux (pour la plupart d’origine finlandaise) qui dynamisent l’économie. Sa situation, la plus proche du port de Saint-Pétersbourg, lui fit recevoir des équipements modernes dont elle tire encore profit. Ce pays est celui qui, parmi les 3 pays baltes, a poussé le plus loin les réformes structurelles et, en juillet 1997, il a été le seul parmi eux admis à intégrer l’Union européenne en 2002.
Dès 1992, une politique économique, monétaire et budgétaire rigoureuse a été mise en œuvre. L’inflation, qui avait approché 1.000 % en 1992, est redescendue en dessous de 30 % dès 1995, et est tombée à 11 % en mai 1998. La croissance du PIB, négative après l’indépendance (- 9 % en 1993), a été retrouvée dès la fin de 1994 et a atteint 11,4 % en 1997. Mais cette économie reste fragile. La conjonction en 1997, d’un déficit commercial creusé par une croissance bien plus rapide des importations que des exportations (25 % du PIB), d’une forte croissance, et d’un déficit des paiements courants s’élevant à 12 % du PIB, a fait craindre l’apparition, en Estonie, d’une crise s’apparentant par certains aspects à celle qui a sévi en Asie. Dès la fin de l’année, un nouveau programme de politique économique est lancé sous l’égide du FMI. Destiné à augmenter les réserves de changes, il implique la création d’un fonds de stabilisation, le maintien de l’équilibre budgétaire, le contrôle de l’inflation et une croissance en adéquation avec la hausse de la productivité.
Le salaire moyen a connu une hausse de près de 22 % fin 1997 par rapport à l’année précédente. C’est le secteur financier qui procure les meilleures rémunérations tandis que les agriculteurs représentent la catégorie sociale la moins bien payée.
Selon les chiffres officiels, le taux de chômage s’est élevé à 4 % au milieu de l’année 1998, mais, selon des organismes internationaux, il a dépassé les 10 % à la fin de 1997. Le chômage est le plus élevé dans le nord-est du pays où l’emploi reposait, avant 1991, sur la production d’énergie, l’industrie lourde et sur le complexe militaro-industriel soviétique, ainsi que dans le sud-est, région traditionnellement agricole.
Outre une criminalité économique croissante, l’Estonie est aux prises avec une vaste mafia russe liée au complexe militaire.
Agriculture
L’agriculture a du mal à se développer dans le nord, où les sols humides et argileux sont difficilement labourables. Même dans le sud, où les sols sont un peu plus fertiles et le climat plus ensoleillé, le drainage des eaux par l’intermédiaire des canaux s’est imposé très tôt. La production agricole repose sur les cultures de pommes de terre, de lin, de seigle. Plus de 60 % de la production agricole totale revient à l’élevage (porcs, bovins). Autour des villes, les cultures maraîchères sont fréquentes.
La restitution des terres confisquées par le pouvoir soviétique en 1940 à leurs anciens propriétaires, a conduit au morcellement des exploitations, et les a rendus le plus souvent incapables de faire face aux besoins d’investissements. En 1997, le secteur agricole n’intervient que pour 6 % dans la formation du PIB. Les coûts de production ayant augmenté plus vite que les prix de vente, et les banques se montrant très réticentes à accorder des crédits dans ce secteur, beaucoup de fermiers ont fait faillite au cours de ces dernières années, alors que la complexité des procédures retarde la privatisation. La production de lait a cependant connu une hausse de 6 % en 1997 par rapport à l’année précédente, s’élevant à 713.500 tonnes.
Industrie
L’industrie (33 % de la population active et 28 % du PIB), tributaire de l’extérieur, se trouve en pleine restructuration. La moitié de la production industrielle est réalisée dans le cadre des branches traditionnelles: textile, bois, cuir, agroalimentaire. La principale concentration industrielle couvre le bassin de schistes bitumineux, dans le centre du pays. Exploités à Kohtla Järve et à Rakvere, les schistes fournissent la matière première pour l’énergie électrique et thermique, pour les engrais, pour les détergents, pour le gaz et pour d’autres produits chimiques. Les villes, pour la plupart, sont équipées avec des industries modernes: microélectronique (Tartu, Sillamaë), électroménager, électronique (Tallinn, Tartu), équipement nucléaire, mécanique de précision, équipement audio-vidéo (Tallinn), engrais, plastiques, détergents (Kohtla Järve, Kivioli). Le port de Tallinn, relié par les lignes de ferry avec Helsinki et Stockholm, est en cours de modernisation.
En 1997, la production industrielle a augmenté de près de 13 %. Parmi les secteurs les plus dynamiques, on relève la filière du bois, l’électronique, les matériaux de construction, l’agroalimentaire et le textile, tandis que la production chimique stagne. Le secteur du bâtiment, notamment la construction de bureaux, est en pleine expansion.
Les investissements étrangers représentent, en 1997, 19 % du PIB et contribuent à 50 % des exportations. La Finlande, premier investisseur, intervient dans les télécommunications, le bâtiment, l’énergie et les engrais.
Privatisation
La privatisation a été initiée dès les premières années de l’indépendance. Gérée par une agence, elle a été réalisée sous forme d’appels d’offres ouverts à tous, même aux acheteurs étrangers. La privatisation des petites entreprises a été achevée dès la fin de 1994. La part du secteur privé est supérieure à 75 %.
Au début de l’année 1998, la presque totalité des entreprises ont été vendues à l’exception du secteur des télécommunications, de l’énergie et des transports (une partie du réseau ferré a été privatisée en novembre 1997, le reste devant l’être en 1999).
D’autre part, l’État prévoit de se désengager des installations portuaires et des entreprises où il détient encore des participations minoritaires (comme l’Estonian Tobacco par exemple).
Échanges
Dès les premières années de l’indépendance, l’Estonie a aboli toutes les barrières tarifaires et non tarifaires aux échanges. Le système commercial estonien passe pour être l’un des plus libéraux au monde. Le volume des échanges commerciaux a connu une forte expansion en 1997.
Les exportations, peu diversifiées, concernent, en 1997, les machines et les équipements électroniques (17,6 %), les produits textiles (11,4 %), les produits alimentaires (entre 20 et 25 %), le bois et les produits du bois (11 %).
Les importations consistent à plus de 20 % en machines et équipements électroniques, suivis par les équipements de transport (16,5 %) et les produits agroalimentaires.
Alors que le pays assurait plus de 85 % de ses échanges commerciaux avec la CEI, cette part est tombée à 20 % en 1997. Depuis l’élargissement de l’Union européenne aux pays nordiques et l’entrée en vigueur en 1997 d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et l’Estonie, le volume des échanges a augmenté. Les exportations vers des pays de l’Union européenne s’élèvent en 1997 à 54 % et les importations à 66 %. Le premier partenaire commercial est la Finlande avec 16,8 % des ventes et 30,9 % des achats, suivie par la Russie (17,8 % des ventes et 11,7 % des achats), puis par la Suède, l’Allemagne et la Lettonie.
Ressources minérales et énergétiques Les principales ressources naturelles sont les schistes bitumineux (réserves estimées à 6 millions de tonnes) — localisés dans le centre du pays et exploités depuis 1922 — la tourbe, brûlée dans les centrales thermiques ou utilisée dans la chimie, les phosphorites, le gypse et le calcaire.