ECONOMIE – SLOVAQUIE

Agriculture

Paysages et agriculture slovaques conservent la plus grande partie de leurs aspects traditionnels: vie de vallée, terroirs de défrichement consacrés à la polyculture vivrière associée à l’élevage bovin; à ces activités s’ajoutent un artisanat aux méthodes vétustes (voire folkloriques, dès lors que le tourisme s’est emparé de la Slovaquie) et des travaux liés à l’exploitation de la forêt. Durant la période de régime socialiste, l’industrialisation est apparue comme l’un des principaux objectifs de la planification économique: dans les trois vallées du Váh, de la Nitra et du Hron orientée au sud (Danube) ont été implantées des installations industrielles. 

Le caractère traditionnel de la vie et de l’activité humaine fait de la Slovaquie une région retirée qui a peu bénéficié de l’évolution économique de la Bohême avant la socialisation (en grande partie pour des raisons historiques). Même après 1945, la pénétration des structures et des méthodes socialistes dans l’agriculture ne s’est réalisée qu’avec de grandes difficultés par rapport à la Bohême ou à la plaine hongroise. Si les coopératives se sont multipliées, c’est plus sous la forme de la mise en commun du travail que sous celle des biens et des propriétés. En 1997, 98 % des fermes collectives étaient devenues des coopératives. Les fermes d’État ont été vendues en presque totalité à des SARL. Plus de 95 % des exploitations possèdent des surfaces supérieures à 100 ha et les exploitations privées représentent 5 % des terres.

Industrie

D’abord liée à l’exploitation traditionnelle (grands complexes de bois, cellulose et papier), puis moderne (lignite de Banská Bystrica) des ressources naturelles locales, l’industrie slovaque a eu de plus en plus recours à l’importation de matières premières. L’énergie est fournie par les centrales thermiques, qu’alimente la lignite, et par l’aménagement hydraulique des trois fleuves. Les créations des très gros centres métallurgiques de Košice et de Ziar, sans base propre, fondés sur le principe de la rencontre de flux à l’intérieur de l’espace économique du Conseil d’aide économique mutuelle ou CAEM (le charbon provenant d’Ostrava, le minerai de fer d’Ukraine et la bauxite de Hongrie) ont été significatives des intentions du développement socialiste. C’est l’industrialisation socialiste qui a permis l’amélioration considérable du niveau de vie et la modernisation du pays, réduisant les écarts avec le voisin tchèque: tout ceci au prix d’une pollution dramatique dans certaines régions. La structure de l’industrie slovaque est restée très marquée par l’héritage de la période communiste et la place qui était la sienne dans la division du travail imposée par l’URSS, conséquemment, la transformation n’a pu s’y dérouler que lentement. Le gradient ouest-est, très présent actuellement, permet d’individualiser trois régions: la Slovaquie occidentale, centrée sur Bratislava et caractérisée par une agriculture et des industries performantes; les Slovaquies centrales aux faibles densités de population, qui offrent des images contrastées; enfin, la Slovaquie orientale, qui a le plus bénéficié de la proximité du grand frère soviétique. En 1997, le production industrielle a progressé de 8,4 % par rapport à 1996, le secteur privé y intervenant pour 73 %. Les principaux secteurs de production sont la métallurgie (78,8 milliards de couronnes), l’industrie alimentaire (67,9 milliards), la construction de véhicules de transport (39,6 milliards) et l’industrie chimique (38,3 milliards). L’industrie automobile tire profit de l’activité de Volkswagen, qui doit encore accroître ses investissements en direction de Bratislava.

Les mutations de l’économie Après 1990, la transition vers l’économie de marché s’est d’abord accompagnée d’une certaine récession. Mais, depuis 1994, la croissance du PIB reste soutenue. Elle s’est poursuivie en 1997 et au premier semestre de 1998 à un rythme élevé de 6,5 % puis de 6,1 %. On note cependant une légère réduction de l’ordre de 7 % par rapport aux taux enregistrés en 1995 et 1996. Le taux d’inflation de 6 % est le plus faible des pays d’Europe centrale. Ces bons résultats doivent cependant être nuancés car, outre un chômage élevé qui pourrait encore s’accroître (12,8 % de chômeurs en 1996), la croissance s’accompagne d’un déficit élevé des paiements courants qui ont été de plus en plus financés par des emprunts à l’extérieur, alourdissant la dette. Cette dette extérieure a ainsi doublé entre le début de 1996 et la fin de 1997 (passant de 5 millions à près de 10 millions de dollars, et atteignant environ 12 millions de dollars à la fin 1996, soit 62 % du PIB), entraînant, en retour, un affaiblissement de la confiance en la monnaie qui a connu une dévaluation de 15 % au début d’octobre 1998, et provoqué la défiance des investisseurs étrangers. Au vu de ces éléments, auxquels il faut ajouter la fragilité du système bancaire, non encore restructuré, on peut craindre que la Slovaquie n’entre à son tour dans un cycle de turbulences, qui ont déjà conduit d’autres pays en transition à la crise. Mais on peut penser que le changement d’équipe politique intervenu en septembre 1998 sera de nature à attirer de nouveaux investissements en provenance de l’étranger. 

Le pays a néanmoins des potentialités tant en matière de communications que pour le tourisme. La Slovaquie a la possibilité de devenir un pays de passage et de transit en valorisant le contact danubien et le contact ukrainien, mais la compétition sera forte avec d’autres axes déjà mieux établis, tel l’axe moravo-silésien, plus aisé que la vallée du Váh pour le trafic nord-sud. En outre, la beauté des sites montagnards et des pistes skiables, la richesse et la variété du patrimoine historique des châteaux et des cités déjà bien connues et fréquentées par les voisins socialistes, notamment les Est-Allemands avant 1990, sont un atout économique certain.

Privatisation

Le processus de privatisation, moins rapide qu’en Hongrie ou en Pologne, a donné naissance en Slovaquie à un secteur privé qui représente près de 80 % du PIB. L’État continue cependant à jouer un rôle dominant dans le secteur des banques, des transports et dans les grandes entreprises. En 1997, le gouvernement de V. Meciar a mis au point un projet de loi visant à rendre impossible la vente des monopoles du gaz et de l’électricité.

Échanges

La Slovaquie réalise l’essentiel de ses échanges avec l’Union européenne (dont environ 20 % avec l’Allemagne) et avec la République tchèque (30 %). 

Elle souhaite désormais élargir ses échanges à certains pays d’Asie, notamment l’Inde et la Chine, ainsi que vers des pays du Mercosur en Amérique latine, et les développer avec l’Ukraine et la Russie. Elle reste dépendante de la Russie en matière énergétique et a signé, en 1997, un accord exclusif avec la compagnie russe Gazprom pour une livraison de gaz valable jusqu’en 2008. Elle devrait, en retour, bénéficier de taxes de transit du gaz russe à destination de l’Autriche et de l’Italie.