HISTOIRE de la BELGIQUE

Avant 1830
 
Préhistoire et antiquité
La plus ancienne trace de présence humaine en Belgique a été trouvée à Hallembaye (province de Liège), elle date d’environ 800 000 ans. Ensuite, aux environs de 400 000 av J.-C. des hommes s’installent en bord de Meuse. De 250 000 à 35 000 av J.-C., la Belgique est peuplée de néandertaliens surtout dans la province de Liège et dans la province de Namur (homme de Spy). À partir de 30 000 av J.-C., l’homme de néandertal fait place à l’homme moderne. Des vestiges de l’époque néolithique existent à Spiennes où se trouvait une mine préhistorique de silex. 
Les premiers signes de l’âge du bronze datent de 1750 av J.-C.. En 500 av J.-C., la Belgique est habitée par des Celtes, elle subit les influences et commerce avec le monde méditerranéen. Dès 150 av J.-C., les premières pièces de monnaie celtes font leur apparition. Les diverses tribus celtes vivant sur le territoire de la Belgique à cette époque étaient les Eburons, les Aduatiques, les Nerviens, les Ménapiens, les Morins et les Trevériens. En 57 av J.-C., l’Empire romain envahit la région et en prend le contrôle.
 
Les écrits de Jules César De Bello Gallica (I et II) forment le début de l’histoire écrite de la Belgique. Ajoutées à Gallia par ce même conquérant, c’était à la réorganisation de l’empereur Auguste que ses régions furent séparées comme Gallia Belgica. Cette province impériale est beaucoup plus importante que la Belgique actuelle. Elle recouvre tout le nord-est de la France actuelle, de la Picardie à la Franche-Comté, ainsi que tout l’ouest de la Suisse. À l’époque romaine, peu de villes importantes existent sur le territoire de l’actuelle Belgique, on peut néanmoins citer Tongres, Arlon et Tournai.
 
Le Moyen Âge
Après les grandes invasions du Ve siècle, la Belgique devient le cœur du premier royaume franc, dont la capitale est Tournai. Vers l’an 500, Clovis, roi des Francs, reçoit le baptême, et abandonne Tournai pour Paris. En Belgique, la christianisation massive débute en 630, avec le soutien des moines celtes.
 
Sous l’impulsion de Charlemagne, la vallée de la Meuse devient le centre politique et économique de l’empire carolingien. Lors du partage de l’empire de Charlemagne au traité de Verdun en 843, elle est partagée entre les royaumes de Charles II (comté de Flandre, déjà partagé par la frontière linguistique entre parlers romans et germains) et de Lothaire. L’Escaut sert de frontière.
 
La Lotharingie est rattachée au Saint-Empire Romain Germanique, et sur le territoire actuel de la Belgique, se développent des fiefs, quasi indépendants, tels le Duché du Brabant, le Limbourg, la Principauté de Liège. À l’ouest, le comté de Flandre, bien que prêtant hommage, échappe à l’autorité du roi de France.
 
À partir du Xe siècle, les villes commencent à se développer, principalement dans le comté de Flandre et en pays mosan. L’industrie de la laine se développe elle aussi, et plus tard, le commerce maritime, avec la ligue Hanséatique. La région devient l’un des cœurs de l’économie européenne, avec l’Italie. Les laines sont importées d’Angleterre, avec laquelle se tissent des liens qui compteront pendant les conflits entre Capétiens et Plantagenêt.
 
Les principales villes belges sont alors, à l’ouest, Bruges, Gand, Ypres et Tournai, et en pays mosan, Huy, Namur, Dinant et Liège. L’urbanisation de la moyenne Belgique est plus lente, seule Nivelles présente au Xe siècle un caractère urbain. Situées plus à l’intérieur du pays, les autres villes brabançonnes, Bruxelles, Louvain, Malines, attendent la fin du Xe siècle pour s’étendre. A cette époque, les affluents de l’Escaut sont navigables et le trafic commercial entre la Meuse et le Rhin augmente.
 
Jusqu’en 1300, l’essor des villes est alimenté par une conjoncture économique favorable. Une deuxième enceinte s’avère nécessaire. Cette expansion est freinée au XIVe siècle par de nombreuses crises et épidémies de peste. Le nombre de citadins stagne ou recule. La plupart des villes ne retrouvent leur niveau de population de l’an 1300 qu’au XIXe siècle.
 
À partir de la fin du XIIIe siècle plusieurs batailles ont lieu entre le roi de France et les communes de Flandre, les comtes étant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. La garnison française à Bruges est massacrée lors de la révolte des Mâtines de Bruges le 18 mai 1302, et l’ost royal est écrasé par les milices communales à la bataille des éperons d’or le 11 juillet de la même année. Cette bataille est parfois considérée comme la naissance de la nation belge, tantôt de la nation flamande (d’où le choix pour cette date comme jour de la fête nationale flamande).
 
À l’issue de la guerre de Cent Ans, la Belgique (à l’exception de la principauté de Liège) et les Pays-Bas actuels sont aux mains des ducs de Bourgogne. La Bourgogne est démembrée après la mort de Charles le Téméraire en 1447, la Flandre échoit aux Habsbourg. Charles Quint naît en 1500 à Gand, héritier à la fois des Habsbourg et de l’Espagne. Il se considère comme flamand et bourguignon. Quand il partage ses domaines entre son frère et son fils, la Flandre échoit à l’Espagne de Philippe II, et sont dès lors appelées Pays-Bas espagnols. Au XVe siècle, suite à l’ensablement du Zwin, mais aussi pour des raisons économiques et politiques, Anvers supplante Bruges en tant que principal port de transit d’Europe occidentale. Anvers devient alors la capitale économique et financière de l’Europe.
 
Les Temps modernes
Sous Philippe II, les Pays-Bas actuels, passés au calvinisme, se révoltent et obtiennent finalement leur indépendance, sous le nom de Provinces-Unies. La Belgique actuelle et certain provinces du sud du Pays-Bas actuelle reste possession espagnole, sous le nom de Pays-Bas espagnols. Les troubles privent Anvers de sa prépondérance économique. Elle sera plus tard reprise par Amsterdam. 
 
Au cours du XVIIe siècle les guerres entre la France et l’Espagne dessinent à peu près la frontière actuelle entre France et Belgique. Au traité d’Utrecht, en 1713, la couronne d’Espagne passe aux Bourbons, avec Philippe V d’Espagne, petit-fils de Louis XIV. Mais la Belgique revient aux Habsbourg d’Autriche et devient Pays-Bas autrichiens.
 
En 1789, les réformes politiques et religieuses que veut imposer l’empereur Joseph II provoquent l’insurrection. Ce soulèvement connu sous le nom de révolution brabançonne donnera lieu, après la défaite des troupes autrichiennes à Turnhout le 24 octobre 1789, à une première proclamation d’indépendance, en janvier 1790, des États belgiques unis. La discorde entre les partis politiques (catholique et libéral) gêne cependant considérablement la défense du pays et favorise le retour des troupes autrichiennes qui rétablissent leur autorité dès octobre de la même année.
 
En 1792, la principauté de Liège et les Pays-Bas autrichiens sont envahis par la République française, puis reconquis en 1793 par l’Autriche. En 1794, ils sont annexés par la France. Lorsque Napoléon s’empare du pouvoir, la Belgique est intégrée dans l’empire français. En même temps que la domination française, la révolution industrielle arrive en Belgique, la Wallonie devient une des régions les plus industrialisée d’Europe. La Flandre, elle, reste peu industrialisée, et l’usage du néerlandais y sera sévèrement réprimé par l’Empire. La domination française prendra fin en 1815 avec la défaite de Waterloo.
 
Au congrès de Vienne en 1815, la Belgique est réunie à la Hollande pour former un royaume des Pays-Bas à la tête duquel se trouve Guillaume Ier d’Orange.
 
Après 1830
 
Un État en formation
Le 23 septembre 1830 la révolution éclate à Bruxelles contre le pouvoir hollandais qui est accusé d’ingérence dans les affaires religieuses, la Belgique étant catholique alors que le reste du royaume est principalement protestant. Les libéraux accusent aussi Guillaume Ier de forcer l’usage du néerlandais aux élites principalement francophones. C’est donc une alliance de bourgeois et de libéraux qui mènent la révolution contre les Hollandais. 
Le 4 octobre 1830, l’indépendance est proclamée par le gouvernement provisoire, et le 3 novembre le Congrès national est élu par 30 000 électeurs -seulement un peu plus d’un pourcent de la population adulte- et le 7 février 1831 il approuve une constitution. La très grande majorité de ces électeurs venant de la noblesse et de la (haute) bourgeoisie francophone, le Français est choisi comme seule langue officielle. En faisant ainsi, la Belgique à donc fait un choix fort différent de certains autres pays qui, ayant la noblesse et la haute-bourgeoisie francophone aussi, ont quand meme choisi pour la langue populaire comme langue officielle. ce choix pour le Français étatit clairement motivé par les leaders politiques comme une choix visant à imposer une culture latine à tous les belges. Même s’il sera rectifié par le suite, ce choix initial sera la source d’innombrables problèmes communautaires, les Flamands étant majoritaires parmi la population.
 
Le 4 novembre 1830 une conférence s’ouvre à Londres sur l’avenir de la Belgique : les grandes puissances décident finalement de reconnaître la Belgique indépendante le 20 janvier 1831. Un royaume est fondé dont le trône est offert au duc de Saxe Cobourg, qui deviendra Léopold Ier, premier roi des Belges. La Belgique se déclare neutre.
 
Période de la révolution industrielle
Au XIXe siècle, disposant de charbon et de fer, elle connaît la révolution industrielle et devient la deuxième puissance industrielle mondiale. Le roi Léopold II (successeur et fils de Léopold Ier, 1865) dirige à titre privé la colonisation du Congo dans le but d’assurer l’approvisionnement de la Belgique en matières premières. L’actuelle république démocratique du Congo (Congo Kinshasa, ex Zaïre) devient son domaine personnel. En 1885 Léopold II devient officiellement chef d’État du Congo, il ne cédera celui-ci à la Belgique qu’en 1908.
 
La Première Guerre mondiale
En 1914, en application du plan Schlieffen, l’Allemagne, en guerre contre la France envahit la Belgique pour contourner les armées française par le nord. La violation de la neutralité belge déclenche l’entrée en guerre du Royaume-Uni. Malgré une forte résistance, l’armée belge emmenée par le roi Albert Ier est rapidement submergée, et le pays est occupé pendant toute la guerre sauf derrière la ligne de front de l’Yser. Après la guerre, la Belgique obtient quelques anciennes colonies allemandes, le Ruanda et le Burundi. 
 
Dans l’entre-deux-guerres, la Belgique connu d’abord un rétablissement économique. Cette période coinçida avec des courants artistiques comme l’Art Nouveau suivi du Jugendstiel/Art Déco. Début des années trente, la Belgique, comme le reste de l’Europe était atteinte par une crise économique majeure.
 
La Seconde Guerre mondiale
En 1940, la Belgique est à nouveau occupée par l’Allemagne. Après avoir mené une bataille, désespérée après la capture des forts par les parachutistes, durant 18 jours, le roi Léopold III décide la capitulation, contre l’avis du gouvernement qui se réfugie d’abord en France, avant de se rendre partiellement à son tour, mais avec quelques ministres qui se réfugient à Londres. Cette décision du roi sera considérée par certains comme une trahison. Le roi reste en Belgique comme prisonnier de guerre, refusant d’exercer des fonctions officielles. Le gouvernement en exil prononce l’incapacité de régner du roi; elle ne sera pas levée à la libération. Après la guère, un impasse regne. Les oppositions se durcissent. 
En 1950 le parti catholique obtient la majorité et organise un référendum sur la question du retour du roi (question royale); le résultat donne une majorité pour le retour sur l’ensemble de la Belgique, mais une majorité contre le retour dans la Wallonie, plus précisément dans les provinces de Liège et du Hainaut mais pas en Namur ni au Luxembourg, et, de façon nettement moins prononcé, dans les zones industrielles de Flandre (ou toutes les provinces ont une majorité pour le retour du roi). La décision de Léopold III de rentrer malgré tout provoque de graves troubles insurrectionnels en Wallonie, avec des dizaines d’attentats à la dynamite et la menace de noyer les mines et les hauts-fourneaux. La gendarmerie tire sur des grévistes à Grâce-Berleur, près de Liège, faisant quatre morts. En Wallonie un gouvernement provisoire est créé en secret, qui envisage l’éventualité de faire sécession et proclamer l’indépendance. L’abdication de Léopold III en faveur de son fils permet de sauver l’unité belge et le retour au calme, mais ce qu’on appela la question royale marqua définitivement une rupture dans l’unitarisme.
 
Depuis 1945
Après la deuxième guerre, la Belgique devient membre fondateur de l’OTAN et de la Communauté Économique Européenne, aujourd’hui Union européenne.
 
Fédéralisation et régionalisations des années 70, 80, 90 et de l’après 2000
Le dernier quart du vingtième siècle verra se produire plusieurs vagues de changements institutionnels. La raison de ceux-ci étant multiple: 1. la divergence de plus en plus grande dans les choix politiques en Flandre et en Francophonie belge (la Flandre évoluant vers un modèle nordique et anglo-saxon, plus de droit, la Francophonie restant fort étatiste, votant sur un parti socialiste fort à gauche, comparé aux socialistes flamands plutôt sociaux-démocrates); 2. la frustration de plus en plus grande en Flandre à cause du maintien des discriminations généralisées dans les services publics nationaux et locaux à Bruxelles. Ainsi, en 1990, l’exécutif bruxellois répondra à une question parlementaire que jusqu’à cette date, aucun logement social avait été accordé dans les 19 communes de l’agglomération capitale sur base d’un dossier en Néerlandais. En 2003, un ministre socialiste francophone reconnaîtra que les services d’urgence médicale à Bruxelles font de la discrimination généralisée envers les Flamands.