La Dacie antique
Au Ier siècle av. J.-C., un chef dace constitue un État dans l’ouest de la Roumanie actuelle. Il devient une menace pour l’Empire romain et le territoire est conquit par l’empereur Trajan entre 101 et 106 ap. J.-C. Il y établit une importante garnison romaine, constituée par des troupes d’élites , et fait venir beaucoup de colons afin de romaniser et d’exploiter au mieux les grandes richesses de la Dacie.
Cette occupation a laissé de nombreuses traces, dans l’architecture, dans la langue, dans les proverbes et contes populaires.
Le pays restera romain jusqu’en 271, date à laquelle Aurélien, harcelé par les Goths, cède et s’en retire. S’ensuit une domination des Huns jusqu’en 453. Plus tard, c’est au tour des Mongols, Hongrois et des Turcs de s’emparer des provinces moldaves, valaques et de la Transylvanie.
Entre l’Empire ottoman et l’Empire d’Autriche
Après la prise de Byzance en 1453, l’Empire ottoman menace la Valachie et la Moldavie ; les Moldaves, qui doivent en même temps protéger leurs frontières au nord face à la Pologne, cèdent face aux Turcs qui annexent la zone côtière de la mer Noire. À l’époque de l’Empire ottoman les provinces roumaines jouissaient d’une autonomie beaucoup plus grande que les autres régions sous domination turque.
L’échec du siège de Vienne par les Turcs en 1683 marque le début du reflux de l’Empire ottoman. En 1699, les Autrichiens conquièrent la Hongrie et la Transylvanie. Là, ils contraignent les populations orthodoxes roumaines à se convertir au catholicisme.
En 1718, les Autrichiens se saisissent du Banat, puis envahissent la Bucovine en 1775. Parallèlement, en Valachie et en Moldavie, les Turcs renforcent leur pouvoir. Les hospodars (membres de familles grecques de Constantinople) nommés par le sultan ponctionnent lourdement les richesses des deux régions et de nombreuses jacqueries éclatent. Dans les villes, l’idée du sentiment national commence à faire son chemin.
Entre Tsar et Sultan
Dès le milieu du XVIIIe siècle, la rivalité russo-turque s’exacerbe. Transformée en véritable puissance européenne par Pierre le Grand, la Russie s’intéresse de plus en plus aux côtes de la mer Noire. Après une nouvelle guerre en 1806, la Russie obtient, au traité de Bucarest en 1812, l’ex-Boudjak (devenu Bessarabie) et la moitié de la Moldavie. Une partie des Roumains passe alors sous la domination du tsar jusqu’à la Première Guerre mondiale.
Une nouvelle convention entre Russes et Turcs est établie en 1826. En 1853, la Russie envahit une nouvelle fois la Moldavie et la Valachie. Soutenue cette fois par la France et le Royaume-Uni, la Turquie entre en guerre. Les forces anglo-françaises prennent Sébastopol en 1855. C’est ainsi que s’achève la guerre de Crimée. Suit le traité de Paris en 1856 qui oblige les russes à rendre les bouches du Danube à l’Empire ottoman. Il est décidé d’autre part que la région verrait son statut redéfini lors d’une conférence internationale.
Charles de Hohenzollern-Sigmaringen est proclamé prince-régnant sous le nom de Charles Ier (Carol Ier) en mai 1866. La vassalité de la Roumanie vis-à-vis de l’Empire ottoman est dès lors considérée comme un humiliant anachronisme, et lorsque la Russie entre à nouveau en guerre contre les Turcs (à la suite de massacres en Bulgarie), la Roumanie se range aux côtés des tsars.
À la faveur de ce conflit, l’indépendance de la Roumanie est enfin reconnue au congrès de Berlin en 1878. Charles Ier est couronné roi de Roumanie en mai 1881. Un régime parlementaire s’installe jusqu’en 1938.
La Roumanie n’intervient que dans la seconde guerre balkanique en 1913, et obtient la Dobroudja du sud, prélevée sur l’Empire ottoman. En Transylvanie, les Roumains luttent pour la simple reconnaissance de leur existence face à l’Empire austro-hongrois.
La Première Guerre mondiale
En 1914, les Roumains choisissent la neutralité. Mais à la mort du roi Charles Ier, son successeur, Ferdinand Ier se joint aux Alliés, qui, en cas de victoire, lui promettent la Transylvanie. Le 27 août 1916, les troupes roumaines pénètrent en Transylvanie et prennent Brasov. La puissante contre-offensive des Empires centraux défait l’armée roumaine, qui perd le contrôle de Bucarest jusqu’à la fin de la guerre.
À la suite de la victoire des Alliés, en 1918, la Bucovine, la Transylvanie et la Bessarabie sont rattachées à la « Grande Roumanie » qui passe d’un peu plus de sept millions d’habitants à dix-huit millions. Le contentieux sur les frontières avec la Hongrie s’aggrave avec la brève occupation de Budapest par les Roumains le 6 août 1919. Le traité de Trianon (juin 1920) donnera définitivement la Transylvanie, la moitié du Banat et une large bande de territoire prélevée sur la Hongrie elle-même aux Roumains.
En guerre contre l’URSS
En 1940, suite à des accords secrets annexés au pacte germano-soviétique, l’URSS occupe la Bessarabie et la Bucovine du Nord.
Pendant la campagne de Russie, c’est aux côtés des Allemands, contre l’URSS, que les armées roumaines se battent en Ukraine et jusqu’à Stalingrad. En août 1944, alors que la défaite de l’Axe approche, les soldats russes entrent en Roumanie.
L’armistice signé en septembre 1944 donne en pratique tous pouvoirs aux autorités soviétiques. En novembre 1946, des élections, souhaitées par l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique, donnent dans un climat d’intimidation général 71% des voix aux communistes. Le 30 décembre 1947, le roi Michel se voit contraint d’abdiquer.
La république populaire de Roumanie
La république populaire est proclamée le jour même. Sous l’égide du chef du parti communiste, Gheorghiu-Dej, les années cinquante sont celles de la collectivisation à outrance et de l’industrialisation à marche forcée. En 1955, la Roumanie adhère au pacte de Varsovie, et en 1958, sûres de leur allié, les troupes russes qui se retirent du pays.
Nicolae Ceaucescu prend la tête du PC en 1965, en remplacement de Gheorghiu-Dej, décédé. Le remboursement total de la dette, notamment, rend le pays complètement exsangue. La politique, dite « de systématisation » qui consiste à uniformiser le territoire et créer l’« homme socialiste nouveau » achève de révolter l’ensemble de la population.
Le soulèvement éclate en décembre 1989 à Timisoara. Les manifestants s’opposent à la mutation arbitraire d’un pasteur protestant d’origine magyare. Le 17 décembre, la police tire sur la foule, le 21, Ceaucescu est conspué lors d’un discours à l’occasion d’un meeting à Bucarest. Le 22, il décrète l’état de siège, mais l’armée refuse de le défendre et fraternise avec la population. Prenant la fuite, il est arrêté peu après avec son épouse et fusillé le 25 décembre après un procès sommaire.
La transition démocratique : de Iliescu à Iliescu
Un Front de salut national voit le jour, dominé par l’ancien communiste Ion Iliescu, qui est élu président en mai 1990 avec 85% des voix. Paradoxe, la révolution la plus spectaculaire accouche d’un régime "néo-communiste" à l’apparence sécuritaire.
En novembre 1996, pourtant, le peuple roumain choisit l’alternance et mène au pouvoir le candidat de l’opposition de droite libérale Emil Constantinescu. Mais la transition vers l’économie de marché n’est pas simple pour la Roumanie. Les difficultés économiques rencontrées conduisent 15 000 mineurs de la vallée du Jiu à marcher sur Bucarest en janvier 1999 ; ils revendiquent une augmentation de 35% des salaires et la non-fermeture des mines. Ces manifestations provoquent la démission du ministre de l’Intérieur. Les dernières élections de novembre 2000 ont vu le retour au pouvoir de Ion Iliescu.
La perspective de la prochaine adhésion de la Roumanie à l’Union européenne devrait cependant mener le gouvernement roumain sur la voie d’une démocratisation achevée.