Chez Béatrice Commengé, le voyage transgresse sa définition première d’atteindre une destination; il devient une réflexion à la fois littéraire et existentielle sur la mobilité perpétuelle de l’être. Dans son ouvrage « Ne jamais arriver », elle explore cette idée en suivant les traces du poète Ovide, et nous interroge ainsi sur la possibilité d’un voyage sans aboutissement défini. Ce texte se déploie comme un voyage permanent à la découverte de soi et du monde, où le but ultime semble être le voyage lui-même plutôt qu’un point géographique à atteindre.
Le périple sans destination fixe
Commengé commencé son récit par les préparations minutieuses d’un voyage prévu pour mars 2020, coïncidant avec l’anniversaire d’Ovide. Cependant, le timing et les événements de la vie réelle interfèrent, suggérant déjà que l’arrivée ne sera pas comme prévue. Ce voyage suivant le parcours d’Ovide devient une quête sans fin où elle interroge non pas le point d’arrivée, mais le chemin parcouru. Elle nomme cela un désir de voyage, qui dépasse la simple arrivée à un lieu.
L’impact de la littérature sur la perception du voyage
L’œuvre de Commengé s’inscrit dans un genre hybride qui mélange récit de voyage, biographie et introspection littéraire. En choisissant d’accompagner Ovide dans son exil, l’auteure illustre la capacité de la littérature à nous transporter au-delà des conceptions habituelles du déplacement. La narration se teinte de réflexions sur la condition d’exilé du poète, touchant à des thématiques universelles telles que l’appartenance et la perte. Ce n’est pas tant la destination qui importe, mais ce que révèle le voyage sur l’individu et son rapport au monde.
Le rôle des rêves et des attentes dans le voyage
À travers son récit, Commengé dépeint un voyage où les espoirs et les désirs jouent un rôle fondamental. Elle interroge le concept de « grandes espérances » dans le voyage, poussant à réfléchir si atteindre de grandes choses est véritablement l’objectif, ou si, paradoxalement, c’est le processus de désirer qui nous maintient en mouvement. Ces réflexions poussent le lecteur à considérer le voyage moins comme la poursuite d’un but matériel que comme une exploration perpétuelle de nouveaux horizons intérieurs et extérieurs.
Le voyage comme état de découverte continuelle
Dans « Ne jamais arriver », le monde est décrit comme une « branloire pérenne », un endroit où tout est en mouvement perpétuel et où aucune vérité n’est fixe. Ceci renforce l’idée que voyager, dans sa forme la plus pure, consiste à explorer sans cesse, sans chercher à finaliser un parcours. Le voyage devient donc une métaphore de la vie : un chemin long et sinueux, ponctué de rencontres et d’événements inattendus qui enrichissent l’existence sans nécessairement mener à une conclusion définitive.
Ce concept innovant du voyage, où l’importance n’est pas de « jamais arriver », mais de continuer à se déplacer, à apprendre et à découvrir, transforme la compréhension même du voyage. Béatrice Commengé, à travers son exploration de la vie et de l’exil d’Ovide, nous invite à regarder au-delà des destinations et à voir le voyage comme un refuge, un espace pour l’expansion personnelle et cosmopolite perpétuelle.