( 1879 – 1953)
Staline est d’origine géorgienne (il est né dans la ville de Gori), son père (Vissarion) était cordonnier, il meurt lorsque le petit Joseph à 11 ans. Sa mère, Catherine Guéladzé, fait entrer son fils au séminaire de Tiflis en 1894, Joseph à 15 ans. Dans ses études il fit preuve d’une remarquable mémoire et d’une intelligence tout à fait à la hauteur de ce que demandent ses professeurs. C’est du côté de la foi que Joseph laissa à désirer. Il sera exclu du séminaire pour ses idées marxistes en 1899. A 18 ans, il va se rallier secrètement au Parti social-démocrate de Tiflis. Dès lors il mena une activité révolutionnaire ce qui lui valu d’être déporté en Sibérie à plusieurs reprises. Joseph est alors connu sous son diminutif de Sosso puis sous le pseudonyme de Koba. En 1904, il rejoint le les bolcheviks dont il fut un militant exemplaire ; à nouveau déporté il s’évade et organise au Caucase en 1907 des «expropriations», qui sont en fait des hold-up, pour soutenir le Parti.
En 1912, Lénine le nomme membre du comité central du Parti ouvrier social-démocrate de Russie puis devient le premier directeur de la Pravda, c’est à ce moment qu’il prend le pseudonyme de Staline (=l’homme d’acier). En 1913, il sera à nouveau déporté et ne sera libéré que quelques mois avant la révolution d’octobre dans laquelle il ne joua qu’un rôle marginal. Lors de sa détention il écrivit Le Marxisme et la question nationale ; mais Staline n’est pas un théoricien et on peut dire que la matière de ses écrits lui a été largement inspirée par Lénine ; en tout ce seront cependant treize tomes d’écrits qui nous parviendrons : Les Fondements du léninisme (1924), Les Questions du léninisme (1926), Matérialisme historique et matérialisme dialectique (1938) Abrégé de l’histoire du Parti communiste (1937), enfin Les Problèmes économiques du socialisme. Ce sont pour la plupart des discours.).
Il se rallia aux « thèses d’Avril » de Lénine en 1917 et devint, après la révolution ,commissaire du peuple aux Nationalités, il le sera de 1917 à 1922. En même temps, de 1919 à 1922, il sera commissaire à l’Inspection ouvrière et paysanne ; il est, dès ce moment, en rapport étroit avec la Commission extraordinaire, la Tchéka. Il prendra une part active à la guerre civile, c’est lui qui organisa la défense de la ville de Tsaritsyne (le nom de Stalingrad de 1925 à 1961) contre les forces des Blancs de Denikine. Il participa également à la défense de Petrograd contre le général Ioudénitch.
Il a épousé en 1918 Nadejda Alliloueva une jeune fille de 17 ans qui est sa seconde femme. Elle se donnera la mort en novembre 1932, révoltée par la grossièreté de son mari et la cruauté de sa politique, elle lui laissera deux enfants: Svetlana, aujourd’hui américaine, et Vassili, mort en 1962.
En 1922, lorsque le poste de secrétaire général du Parti est crée, sentant l’importance de la fonction, Staline se porte candidat et obtint le poste. En 1924 il parviendra à succéder à Lénine bien que ce dernier ne fut pas tendre envers lui dans son « testament » politique ( en fait son testament est une lettre qu’il avait préparée pour le prochain congrès du parti dans laquelle il dénonce Staline comme étant trop « grossier » pour se maintenir à son poste. Il ne faut pas comprendre « grossier » par des écarts de langage (bien que…) mais par le fait que Staline n’est pas un théoricien et qu’il use de méthodes brutales.)
Staline va habilement jouer des alliances pour affaiblir ses adversaires, on dit qu’il était « prêt à toutes les trahisons ». Bientôt il aura assis son autorité incontestable au sein du Parti et de la société. Il développe la doctrine de la « construction du socialisme dans un seul pays » en opposition à ce qu’il appelle la «révolution permanente» de Trotski, il décide la collectivisation totale des terres (automne 1929) et de l’industrialisation (premier plan quinquennal en 1928). Il s’opposera violemment aux thèses de Trotski (commissaire à la guerre) . Pour combattre ce dernier il s’appuya dans un premier temps sur Kamenev et Zinoviev mais finit par les évincés avec Trotski en 1927. Staline s’adonna alors à une pratique qui allait devenir funestement célèbre : la purge.
En 1929, il « purge » la droite du Parti. Staline est désormais le chef incontesté qu’il souhaitait être. Devant les résistances paysannes et industrielles aux collectivisations, Staline déclenche en 1934, après l’assassinat de Kirov, des purges importantes au sein du Parti qui s’étendent de 1936 à 1938. Zinoviev, Kamenev, Smirnov, Boukharine et Rykov seront purgés août 1936 (procès des seize). Mais les purges ne se restreignent pas aux cadres du Parti, des millions d’hommes et de femmes (des officiers –dont le maréchal Toukhatchevski-, des anciens bolcheviks, des membres du Parti…) furent les victimes des terribles purges staliniennes. En 1939, on admet qu’ont été arrêtés plus de sept millions de citoyens, dont au moins trois millions ont péri.
Au niveau international Staline fut longtemps hésitant entre le camps des démocraties libérales et celui des fascismes. C’est parce qu’il ne fut pas convié aux accords de Munich en 1938 qu’il conclut avec Hitler le pacte germano-soviétique de non-agression d’août 1939..
Le pacte était accompagné d’une clause secrète sur les zones d’influences en Europe orientale (partage de la Pologne). Staline ne voulut pas croire à la possible rupture du pacte mais dut s’y résigner, il avait alors pris un sérieux retard dans l’organisation de la défense soviétique, après l’invasion allemande de juin 1941.
En mai 1941, Staline devient homme de guerre, il est élu généralissime et président du Comité d’Etat à la défense. La mobilisation fut général, dans un premier temps le pays plia, puis résista et enfin remporta la guerre. Staline se résigna à accepter l’aide matérielle des démocraties et démantela le Komintern (l’Internationale communiste) en 1943 pour satisfaire ses fournisseurs. En 1943, il participa à la conférence de Téhéran, en 1945 à celles de Postdam et de Yalta.
On ne sait que trop bien qu’après la guerre il plaça les pays d’Europe centrale sous l’influence, toujours plus dominatrice, de l’URSS. Les démocraties populaires florissaient au travers de l’Europe ; mais elles avaient comme funestes compagnes les inévitables purges. Staline réorganisa le Kominform (le Bureau d’information des partis communistes ; la nouvelle Internationale communiste) bien qu’il ne fut pas internationaliste (c’était avant tout la Russie qui l’intéressait) et engagea contre l’Occident, et principalement les Etats-Unis, la guerre froide. Le rideau de fer partageait désormais l’Europe en deux.
A la fin de son « règne » Staline organisa encore de nouvelles purges (« procès de Prague », complot des « blouses blanches »). On a bien saisit les aspects négatifs de l’action politique de Staline, mais il y eut aussi des effets positifs : la création de grandes industries, notamment d’armement, les grands canaux et voies de communication, les barrages et la production d’énergie, le charbon, l’acier, l’alphabétisation, la formation des cadres, la création à partir de 1935 d’une armée disciplinée et entraînée.
Il mourut en 1953 ; des centaines de millions de personnes, dans le monde entier, pleurèrent la disparition du « petit père des peuples ». Ses victimes se comptaient alors par dizaines de millions, exécutées dans les caves de la Loubianka, morts de faim (famines de 1932-33), déportés, victime de l’impérialisme soviétique ou « purgés ». En 1956, Khrouchtchev condamna, lors du 20ème congrès du parti communiste, les crimes de Staline et le culte de la personnalité qui lui avait été témoigné. Son corps fut retiré en 1961 du mausolée de Lénine ; Il repose désormais au pied du mur du Kremlin.