Porto la travailleuse, c’est ainsi que ses habitants définissent leur ville. Pendant que Lisbonne s’amuse, que Coimbra étudie et que Braga prie, Porto travaille, dit le dicton populaire. Seconde ville du pays de par sa population, elle est aujourd’hui, comme autrefois, une ville de négoce et un port important. Porto, pour des raisons qui semblent relever de l’irrationnel, possède en effet le pouvoir de séduire les passants et, après une courte promenade au coeur de la ville, le visiteur ne peut s’empêcher de succomber à son charme.
Porto peut s’enorgueillir d’avoir donné son nom au pays. Dès 138 av. J. C. apparaissent en effet les noms de Portus et de Cale, deux villes alors sous domination romaine situées de part et d’autre du Douro. Durant les multiples périodes d’occupation étrangère, la ville de Portus, devenue entre temps O Porto (le port), se développe rapidement et dépasse bientôt sa voisine (Cale), jusqu’alors plus importante. En 1415, sous l’égide d’Henri le Navigateur (un des illustres fils de la ville), une importante expédition est mise sur pied pour la prise de Ceuta. La ville d’O Porto, chargée de l’approvisionnement de la flotte royale, est alors lourdement mise à contribution et doit se démunir de la plupart de ses vivres. Après le départ des soldats, les habitants devront se contenter des aliments restants, soit les tripes et les abats, difficiles à conserver lors de campagnes militaires. C’est ainsi que par la suite certains utiliseront injustement le qualificatif de tripeiros (mangeurs de tripes) pour désigner les habitants de Porto.
La signature du traité de Methuen en 1703 et l’avènement de João V marquent une période de renouveau pour la ville. Tandis que la production de vin dans la vallée du Douro augmente progressivement, son négoce et son entreposage, à Vila Nova de Gaia (de l’autre côté de la rive, en face de Porto), y amènent une classe bourgeoise, presque exclusivement anglaise. Malgré la situation de quasi-monopole anglais, Porto profite de cette nouvelle manne, et nombreux sont les négociants qui y construisent leurs riches demeures et enrichissent la ville. Vers la même époque, le roi João V, devenu prospère par la découverte de mines d’or au Brésil, décide d’embellir la ville en engageant les meilleurs artistes et architectes européens de l’époque (surtout italiens). Porto devient une ville où le baroque s’exprime avec une telle exubérance que certains y verront un signe de perversion païenne.
Aujourd’hui, avec ses 500 000 habitants, Porto est la seconde ville du Portugal. Avec son port artificiel de Leixões, la ville profite toujours d’un important centre portuaire. Enfin, aujourd’hui plus encore qu’autrefois, Porto continue d’être un important centre de commercialisation et d’exportation vinicole dont la renommée n’est plus à faire. D’autre part, Porto peut s’enorgueillir de voir son nom apparaître sur la liste des sites protégés par l’Unesco et plusieurs de ses quartiers historiques sont dorénavant classés «Patrimoine mondial de l’humanité».