HISTOIRE – CHYPRE

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Chypre est conquise par les Ottomans. Ces derniers organisent sur l’île, alors peuplée de Grecs, l’immigration de quelque 20 000 Turcs musulmans d’Anatolie, qui sont avec les Chypriotes convertis, les ancêtres des Chypriotes turcs.
 
4 juin 1878
Au Congrès de Berlin, l’Empire ottoman cède à la Grande-Bretagne le droit d’administrer Chypre, mais en garde la souveraineté formelle.
 
5 novembre 1914
Suite à la déclaration de guerre ottomane aux Alliés, Chypre est annexée par la Grande-Bretagne.
 
24 juillet 1923
La Turquie vaincue doit reconnaître cette annexion et renonce à toute revendication sur Chypre (Traité de Lausanne).
 
10 mars 1925
L’île devient finalement une colonie de la Couronne britannique. Commence alors un mouvement en faveur de l’autodétermination, qui porte les germes de l’actuel différend gréco-turc : tandis que de nombreux Chypriotes grecs souhaitent former une union avec la Grèce, l’Enosis, la communauté turque s’y oppose, prônant la partition de l’île, Taksim.
 
21 octobre 1931
Première révolte des Chypriotes grecs contre l’occupant anglais, émeute connue sous le nom d’Oktovriana.
 
15 janvier 1950
Comme l’église orthodoxe chypriote, 96% des Chypriotes grecs se prononcent en faveur du rattachement à la Grèce, lors d’un réferendum organisé par l’archevêque Makarios III.
 
Juillet 1954
Les Britanniques élaborent une nouvelle Constitution acceptée par la population d’origine turque mais rejetée par l’EOKA (Organisation nationale des combattants chypriotes), pro-grecque.
La police militaire britannique secourt un blessé pendant des affrontements à Nicosie, 1956.
 
1er avril 1955
Début de la lutte armée menée par l’EOKA contre les Britanniques.
 
6-7 septembre 1955
Conférence tripartite Grande-Bretagne, Grèce, Turquie sur Chypre et émeutes anti-grecques à Istanbul.
 
1956
Après la nationalisation du canal de Suez et l’expédition anglo-française contre l’Egypte, Chypre devient la plus grande base militaire britannique en Méditerranée orientale.
 
15 novembre 1957
La communauté turque crée le TMT (Türk Mudafa Teskilat), "Organisation de la résistance turque".
 
1958
Les affrontements intercommunautaires se multiplient, d’abord à Nicosie puis dans toute l’île.
 
11 et 19 février 1959
Accords tripartites de Zürich et Londres entre le Royaume-Uni, la Grèce et la Turquie, et signature d’un traité préparant la naissance d’un Etat chypriote indépendant. Elaboration d’une Constitution, dont le communautarisme est la clé de voûte.
Indépendance de Chypre, violences intercommunautaires
Archevêque de l’île depuis 1950 et partisan de l’Enosis, Mgr Makarios (1913-1977), devient le premier président en 1960.
 
16 août 1960
Proclamation de l’indépendance de la "République de Chypre", dirigée par un président grec, l’archevêque Makarios, et par un vice-président turc, Fazil Küçük.
 
30 novembre 1963
Suite à des propositions de modifications constitutionnelles du président Makarios, qui sont perçues par la communauté turque comme visant à abolir les règles essentielles du partage communautaire du pouvoir et à restreindre les droits de la minorité turque, des violences intercommunautaires se déclenchent. Au mois de décembre, les affrontements font plus de 130 morts.
 
4 mars 1964
Adoption de la résolution 186 de de l’ONU créant l’UNFICYP (Force de l’ONU chargée du maintien de la paix à Chypre) forte de 7000 hommes, chargée d’assurer la surveillance des lignes du cessez-le-feu et le maintien de la zone tampon.
 
19 décembre 1972
Signature d’un accord d’association entre la République de Chypre et la Communauté européenne. Il entre en vigueur le 1er juin 1973.
Le coup d’Etat et la division de l’île
 
15 juillet 1974
Mgr Makarios est renversé par un coup d’État de la garde nationale chypriote, encouragé par la junte militaire au pouvoir à Athènes depuis le 21 avril 1967, qui place à la présidence un ennemi déclaré des Turcs, Nicolas Sampson, favorable à l’Enosis. L’opération fait 200 morts Chypriotes-grecs.
 
20 juillet 1974
Le Premier ministre turc, Bulent Ecevit, ordonne l’opération "Attila". Les troupes turques débarquent à Kyrenia dans le nord de Chypre pour une "opération de paix qui vise à protéger les Chypriotes turcs".
 
23 juillet 1974
Chute des "colonels" au pouvoir à Athènes et fin du putsch à Nicosie, où le chef du Parlement Glafcos Cléridès assure l’intérim.
 
24-30 juillet 1974
Les trois puissances garantes de l’indépendance de Chypre (Royaume-Uni, Grèce et Turquie) réunies à Genève, instituent une "zone de sécurité" tenue par les Casques bleus de l’ONU et reconnaissent l’existence de deux administrations autonomes.
 
14-16 août 1974
L’armée turque progresse vers l’est et occupe le nord de Chypre, soit 38 % du territoire, entraînant la partition de l’île et poussant à l’exil 80 000 Chypriotes grecs. 
A la suite de ces événements, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte un certain nombre de résolutions qui élargissent le mandat de l´UNFICYP afin que la Force puisse surveiller le cessez-le-feu de facto déclaré le 14 août 1974.
 
1er novembre 1974
L’Assemblée générale de l’ONU vote la résolution 3212 demandant le renforcement de l’UNFICYP pour contrôler la "ligne verte" ou "ligne Attila" de 180 kilomètres qui coupe l’île et la capitale Nicosie d’est en ouest.
 
7 décembre 1974
Mgr Makarios revient à la présidence jusqu’en 1977.
 
13 février 1975
Le dirigeant chypriote turc Rauf Denktash proclame "l’Etat autonome, laïc et fédéré de Chypre".
 
2 août 1975
G. Cléridès et R. Denktash signent à Vienne à l’issue d’un cycle de négociations intercommunautaires, un accord sur l’échange de population. 110 000 Chypriotes turcs sont regroupés au Nord ; 585 000 Chypriotes grecs (dont 180 000 refoulés du Nord) s’installent dans le Sud.
 
Juin 1976
Rauf Denktash est élu "Président de l’Etat fédéré turc de Chypre".
Négociations et perspectives européennes
 
12 février 1977
Rauf Denktash et Mgr Makarios signent à Vienne, sous l’égide de l’ONU, un accord basé sur le principe d’un Etat fédéral bi-communautaire, bi-zonal et non-aligné.
 
15 novembre 1983
La République turque de Chypre du Nord (RTCN) est proclamée, mais reconnue uniquement par Ankara.
 
30 janvier-2 février 1988
Première rencontre, depuis dix ans, des chefs de gouvernement grec et turc, à Davos en Suisse.
 
3 juillet 1990
Le gouvernement de la République de Chypre demande son adhésion à la Communauté européenne. Rauf Denktash et Ankara menacent d’intéger totalement la RTCN à la Turquie.
 
10 avril 1992
La résolution 750 du Conseil de sécurité de l’ONU réaffirme l’indépendance, l’intégrité territoriale et la citoyenneté unique de l’île, dans le cadre d’une fédération bi-communautaire et bi-zonale.
 
14 février 1993
Glafcos Cléridès est élu président de la République de Chypre, 19 ans après son intérim consécutif à la fin du putsch de 1974.
 
30 juin 1993
Dans un avis, la Commission européenne estime "recevable" la demande d’adhésion de Nicosie et souligne que le gouvernement chypriote l’a faite "au nom de toute l’île".
 
Novembre 1993
La Grèce et Chypre signent un accord de défense commune.
Regain des tensions et crise des missiles
 
4 janvier 1997
Le gouvernement Cléridès annonce l’achat de missiles russes S-300. Colère d’Ankara qui menace d’intervenir militairement et décide de négocier de son côté avec la Belgique et les Pays-Bas l’achat de missiles sol-air. L’émissaire américain obtient finalement du président Cléridès un délai de 18 mois avant le déploiement des missiles.
 
4-5 novembre 1997
Ankara organise au nord de Chypre les plus grandes manœuvres militaires depuis 1974.
Premiers pas vers l’adhésion à l’Union européenne
Le Conseil "Affaires générales" de l’UE, 30 mars 1998, marque le début du processus d’adhésion de la première vague des pays candidats ("groupe de Luxembourg").
 
30 mars 1998
Les négociations d’adhésion de la République de Chypre avec Bruxelles débutent.
La Turquie et la RTCN officialisent la création d’un "conseil d’association" parallèle au conseil d’adhésion de la République de Chypre à l’Union européenne.
 
4 décembre 2001
Première rencontre entre Glafcos Cléridès et Rauf Denktash depuis quatre ans. Le sommet a lieu dans la zone tampon séparant le sud du nord de l’île. Ils décident d’ouvrir en janvier 2002 des négociations directes pour mettre fin à la division de l’île.
Echec du plan de paix de l’ONU et adhésion à l’Union européenne
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan (au centre), rencontre le Chypriote-grec Glafcos Cléridès (à gauche) et le Chypriote-turc Rauf Denktash (à droite), lors d’une visite à Chypre en mai 2002.
 
16 janvier 2002
Début des négociations directes, sous l’égide de l’ONU, entre les deux dirigeants qui se rencontrent hebdomadairement.
 
30 juin 2002
Les négociations se terminent sans qu’un accord de principe ait été trouvé.
 
11 novembre 2002
Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, présente un plan au Conseil de sécurité proposant la réunification de Chypre en un seul pays sous gouvernement fédéral, composé de deux Etats égaux. Ce plan est remis à G. Cléridès et R. Denktash qui doivent se prononcer sur les propositions du plan avant la date limite du 28 février 2003.
 
16 février 2003
Tassos Papadopoulos, chef du parti de centre droit Diko, est élu président de la République de Chypre avec 51,51% des voix contre le président sortant Glafcos Cléridès qui recueille 38,80% des suffrages.
 
Le Président Tassos Papadopoulos (à gauche) et le ministre des affaires étrangères Georgios Iacovou signent le traité d’adhésion pour la République de Chypre.
 
24-31 mars 2004
Négociations quadripartites (Grèce, Turquie, Chypriotes grecs et Chypriotes turcs) à Buergenstock en Suisse. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, soumet son plan de réunification de l’île, "révisé et amendé" et tente de parvenir à un accord avant l’adhésion de Chypre à l’Union européenne le 1er mai 2004. Des désaccords persistant entre les parties, Kofi Annan décide de soumettre son plan par référendum aux deux communautés le 24 avril 2004.
 
24 avril 2004
Référendums à Chypre sur la réunification de l’île : les Chypriotes grecs rejettent massivement le plan de réunification de l’ONU par 75,83% des voix, alors que les Chypriotes turcs le plébiscitent avec 64,91% de "oui".
 
1er mai 2004
L’île de Chypre intègre l’Union européenne, mais la partition de l’île étant maintenue, le droit communautaire ne s’appliquera pas à la partie turque du nord de l’île.
 
20 février 2005
Elections législatives anticipées en République turque de Chypre du Nord (RTCN) : le Parti républicain turc (CTP, centre gauche) du premier ministre Mehmet Ali Talat, favorable au plan de réunification de l’île proposé par l’ONU, remporte les élections avec 44,5 % des voix.
 
17 avril 2005
Le "Premier ministre" chypriote turc Mehmet Ali Talat, partisan d’une réunification de Chypre, remporte sans surprise, avec 55,6% des voix, l’élection "présidentielle" en RTCN.
 
21 mai 2006
Le président chypriote grec Tassos Papadopoulos, qui, à la tête du Parti démocratique DIKO, avait fait voter contre le plan de réunification de l’ONU lors du référendum d’avril 2004, sort vainqueur du scrutin des premières élections législatives depuis l’entrée de Chypre dans l’Union européenne.
 
11 décembre 2006
Les ministres des affaires étrangères européens décident un gel partiel des négociations avec la Turquie en raison de son refus d’appliquer à Chypre les dispositions de l’union douanière qui la lient à l’Union européenne, en particulier l’ouverture de ses ports et aéroports aux navires et aux avions chypriotes.
Reprise des négociations pour la réunification
 
8-9 mars 2007
Après la démolition en janvier par les Chypriotes turcs d’une passerelle controversée à Nicosie rue Ledra, les autorités grecques entament la démolition d’un morceau du mur de séparation, dans le même lieu emblématique du vieux Nicosie sous les applaudissements des habitants.
 
1er janvier 2008
Chypre intègre la zone euro.
 
26 février 2008
Elu le 24 février président de la République de Chypre, le communiste Demetris Christofias annonce son intention de relancer les discussions avec les Chypriotes turcs. Leader du Parti communiste AKEL, D. Christofias a été élu au second tour de l’élection présidentielle avec 53,36 % des voix.
 
21 mars 2008
Le président chypriote, D. Christofias, et le leader chypriote turc, Mehmet Ali Talat, ouvrent à Nicosie des discussions, sous l’égide de l’ONU. Les deux dirigeants conviennent d’amorcer des négociations formelles dans trois mois en vue de la réunification et de rouvrir au plus vite une rue emblématique du centre historique de Nicosie.
 
3 avril 2008
Le passage de la rue Ledra, traversant la capitale divisée, est ouvert, 35 ans après sa fermeture, donnant lieu à des scènes de liesses populaires.
 
1er juillet 2008
Lors d’une réunion préparatoire, Demetris Christofias et Mehmet Ali Talat acceptent le principe d’une « fédération bi-communale et bizonale basée sur l’égalité politique ». Cette fédération comprendrait un gouvernement fédéral ayant la personnalité morale à l’international et deux Etats fédérés grec et turc totalement égalitaires.
 
3 septembre 2008
Demetris Christofias et Mehmet Ali Talat rouvrent les pourparlers directs dans la zone tampon de Nicosie placée sous le contrôle de l’ONU.
 
13 octobre 2008
Les dirigeants chypriotes grecs et turcs décident d’annuler leurs exercices militaires annuels en signe de bonne volonté, parallèlement à la poursuite des négociations.
 
19 avril 2009
Au Nord, le Parti de l’unité nationale (UBP, nationaliste) dirigé par Dervis Eroglu, favorable à la partition de l’île, remporte les élections avec 44% des suffrages, ce qui lui donne la majorité absolue au Parlement.
 
28 avril 2009
La Cour de justice des Communautés européennes reconnaît dans son arrêt Apostolides c/Orams le droit à la restitution à leurs propriétaires Chypriotes grecs des propriétés situées dans le Nord dont ils ont été spoliés.
 
26 juin 2009
Ouverture d’un nouveau point de passage, le septième, entre la ville turque de Yesilirmak et la ville grecque de Kato Pyrgo.
 
10 septembre 2009
Lancement de la deuxième phase de négociations entre Demetris Christofias et Mehmet Ali Talat.
 
31 janvier -2 février 2010
Rencontre entre le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, le President de la Republique de Chypre, Dimitris Christofias (à g.), et le responsable chypriote turc Mehmet Ali Talat, à Nicosie, février 2010.
Le secrétaire général de l’ONU Ban-Ki Moon effectue un déplacement sur l’île, pour la première fois de son mandat, afin d’appuyer le processus de négociations.
 
18 avril 2010
Election "présidentielle" dans la partie turque de Chypre. Le nationaliste Devis Eroglu l’emporte sur le "président" sortant Mehmet Ali Talat. Le nouveau "président" connu comme un tenant d’une ligne dure dans le dossier chypriote s’engage néanmoins à faire avancer les négociations pour la réunification de Chypre.
 
26 mai 2010
Reprise des négociations entre les dirigeants des deux communautés.