BATALHA

 Le petit bourg de Batalha, caché dans la vallée du Rio Léna, doit en quelque sorte son existence à la bataille d’Aljubarrota, qui s’est déroulée non loin de là. En 1385, en effet, les Espagnols réclament leur souveraineté sur le Portugal en vertu de la règle des alliances. La même année ils pénètrent de force au Portugal et se retrouvent face à l’armée de João Ier. Ce dernier promet alors à la Vierge qu’en cas de victoire sur les Espagnols il fera construire une prestigieuse église en signe de remerciement. C’est ainsi qu’au milieu d’une belle vallée parsemée de vergers et de vignes naissent en 1388 Batalha et par la suite son bourg. L’attrait principal de Batalha est son monastère, véritable joyau où styles gothique et manuélin s’épousent harmonieusement. Le Mosteiro de Batalha ou da Santa Maria da Vitória s’étale dans toute sa splendeur sur une grande esplanade. C’est l’architecte portugais Afonso Domingues qui en a établi le plan général en 1388. Après avoir admiré le portail principal, pénétrez à l’intérieur de l’église. Les imposants piliers donnent à l’endroit une impression de grande sévérité que vient heureusement égayer un peu l’éclairage de ses trois nefs. Immédiatement à droite de l’entrée se trouve la Capela do Fundador (chapelle du fondateur), construite vers 1426 afin d’abriter le tombeau de João Ier et de son épouse. C’est l’architecte Huguet, probablement d’origine anglaise, qui en est le créateur. Commencé sous João Ier, le cloître royal est en partie l’oeuvre d’Afonso Domingues, qui en est le concepteur. Au style gothique du cloître, on ajouta par la suite une décoration exubérante de style manuélin. Les arcades, à l’origine dénudées, furent ainsi remplies d’un incroyable enchevêtrement de sculptures reproduisant tantôt chardons et sphères armillaires, tantôt fleurs de lys et croix du Christ. L’ensemble est également soutenu par d’élégantes colonnettes torsadées. On peut affirmer sans hésitation qu’avec celui des Jerónimos à Lisbonne il s’agit d’un des deux plus beaux cloîtres au monde. Du côté de l’entrée du cloître se trouve également la salle du chapitre. Ce qui frappe surtout dans cette salle, c’est l’incroyable portée de la voûte. Réalisée sans aucun support intermédiaire, elle constitue une véritable prouesse technique. Finalement, en sortant par le cloître Dom Afonso V, on ne manquez pas de vous render aux chapelles inachevées, veritables joyauxde l’architecture manuéline. Avec la célèbre fenêtre de Tomar, elles en constituent l’exemple le plus accompli. Dès l’entrée, on est émerveillé par le portail menant aux chapelles. Dentelé telle une grotte, ce chef d’oeuvre est le travail de Mateus Fernandes, qui l’acheva en 1509.