ARTHUR CONAN DOYLE

 ( 1859 -1930 )

 
Arthur Conan Doyle est né le 22 mai 1859 à Edimbourg en Ecosse. La famille Doyle est une famille nombreuse, d’origine irlandaise et catholique. Le jeune Arthur aura neuf frères et soeurs. Son père Charles Altamont Doyle, était un fonctionnaire peu ambitieux qui possédait néanmoins certains talents artistiques qui lorsqu’il perdit son emploi, sombra dans l’alcoolisme puis fut interné (il signa le certificat d’internnement) après de graves crises d’épilepsie, avant de mourir en 1893. Sa mère, d’origine irlandaise, descend des Plantagenets. Il était le petit-fils du célèbre caricaturiste John Doyle, neveu de Richard Doyle, co-fondateur de la revue Punch, filleul du journaliste littéraire Michael Conan, neveu également de James qui écrit dans The Chronicles of England, et d’Henry, directeur de la National Gallery
Il commençe ses études à la Public School catholique jésuite de Stonyhurst.
Il fonde une petite revue : Le Figaro de Stonyhurst. Toutefois, l’enseignement jésuite ne lui convient guère et lorsqu’il quitte l’école en 1875, il a complètement rejeté le christianisme, se préférant agnostique. Il passe néanmoins une année supplémentaire dans un collège jésuite de Feldkirch (octobre 1875-juin 1876) en Autriche pour améliorer son allemand. En août, il séjourne à Paris, 65, avenue de Wagram, chez son grand-oncle et parrain, Michael Conan. Le prénom de Conan lui sera donné en hommage à ce dernier. Cet hôtel particulier servira de cadre à la nouvelle L’Entonnoir de cuir. En automne, il s’inscrit à la faculté de Médecine d’Edimbourg. Deux de ses professeurs, le chirurgien de l’hôpital, Joseph Bell, et Rutheford, serviront de modèle d’inspiration pour ses personnages de Sherlock Holmes et du professeur Challenger (Le Monde perdu).
 
Il était encore étudiant quand il commença à publier en septembre et décembre 1879 La Vallée de Sassassa, Le Récit de l’Américain.
 
Après avoir obtenu un diplôme de docteur en médecine en 1881, il pratique la médecine de 1882 à 1890 à Southsea, puis il s’embarque comme médecin de bord. A bord du Hope, le jeune homme parcourt les mers arctiques, du 20 février au mois de septembre 1880. Diplômé en médecine et en chirurgie, le 22 octobre 1881, il renouvelle l’expérience, cette fois-ci sur le steamer Mayumba, qui part pour l’Afrique Occidentale pour revenir le 14 janvier 1882 à Liverpool. 
Doyle tombe gravement malade (probablement la malaria) à Lagos. Il décide alors d’exercer plus paisiblement ses talents. Après une courte association, en 1882, avec un collègue véreux à Plymouth, il ouvre un cabinet d’ophtalmologiste à Southsea, près de Portsmouth. Sa clientèle lui laisse tout le temps de lire, d’écrire et d’essayer de faire paraître d’autres nouvelles mais sans succès, dont Mon ami l’assassin à la London Society de Noël.
 
Il se marie, le 6 août 1885, avec Louise Hawkins, la soeur d’un de ses rares patients. Elle lui donne deux enfants, Mary Louise, qui naît en janvier 1889, puis Kingsley en novembre 1892, et l’encourage vigoureusement à persévérer en littérature. Il suit sans doute ses conseils car en 1886 il termine son premier roman Girdlestone & Co (commençé en 1884), mais ne parvient pas à le faire publier.
 
Conan Doyle écrit rapidement au printemps, sous l’influence du romancier français Emile Gaboriau, A Study in scarlet Une étude en rouge, la première des cinquante-six nouvelles et quatre romans, mettant en scène Sherlock Holmes. Après sa parution dans une revue, le Beeton’s Christmas Annual, il en vend les droits pour la somme dérisoire de 25 £. L’ouvrage est alors publié en volumes au mois de juillet 1888. Et plusieurs critiques relèvent certains caractères propres au récit qui feront le succès de l’œuvre de Conan Doyle. Bien servi par l’ingéniosité de l’intrigue, la personnalité de Sherlock Holmes, ses qualités de raisonnement déductif notamment, lui donne son originalité par rapport aux productions de l’époque. L’illustre détective, qui doit beaucoup au Dupin d’Edgar Poe, a d’ailleurs été inspiré à son créateur par le souvenir de l’un de ses professeurs, le Dr Joseph Bel, un chirurgien de la faculté de médecine d’Édimbourg.
Entre temps, en 1887, Conan Doyle organise chez lui des séances de spiritisme, une activité à laquelle il s’adonnera tout au long de sa vie, marquée par de nombreux écrits et des conférences à travers le monde.
 
En février 1889, il fait paraitre Micah Clarke, « pierre angulaire d’une quasi-réputation d’écrivain », écrira Conan Doyle dans ses souvenirs.
La série des Aventures de Sherlock Holmes le rendit célèbre dans le monde entier mais fit aussi ombrage au reste de son oeuvre qui compte de nombreux récits – nouvelles et romans – fantastiques, ésotériques, d’aventures et de science-fiction dont il fut l’un des grands précurseurs, d’inoubliables romans historiques et de nombreux essais.
Le Signe des quatre, deuxième aventure du détective, paraît en février 1890 dans le magazine américain Lippincott’s Monthly Magazine. En avril, il commence la rédaction de La Compagnie blanche qui s’achèvera en juillet 1890 (publication de janvier à décembre 1891 dans la revue The Cornhill). En décembre, Doyle ferme son cabinet médical de Portsmouth et décide de se spécialiser dans l’ophtalmologie.
 
En janvier 1891, les Doyle séjournent quelques mois à Vienne afin qu’Arthur puisse parfaire ses connaissances médicales en ophtalmologie. De retour en Angleterre (via Paris pour rencontrer Landolt, le spécialiste français de l’ophtalmologie), fin mars, ils s’installent à Londres sur Montague Place et le jeune médecin ouvre son cabinet au 2 Devonshire Place. Les patients étant toujours rares, Doyle reprend la plume. En août, Conan Doyle abandonne la médecine et devient écrivain à plein temps. Il s’installe à South Norwood au 12 Tennison Road. Cette année là, au mois de juillet, commencent les parutions des aventures de Sherlock Holmes, dans le Strand Magazine : Un scandale en Bohème. En novembre, il confie à sa mère qu’il pense à tuer le personnage de Sherlock Holmes.
 
A l’été 1892, il fait un séjour en Norvège avec Jerome K. Jerome. Il découvre le plaisir de skier. A partir du 14 octobre, le public peut lire en volume les nouvelles de Sherlock Holmes. En octobre également, parait La Grande ombre, récit où l’auteur exprime sa fascination pour Napoléon 1er.
En mai 1893, parait Les Réfugiés, (récit dans la lignée des Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas. Doyle s’installe, août, à Davos Platz en Suisse, où l’air est plus sain pour sa femme, atteinte de tuberculose. A Davos, il donne une démonstration de ski qu’il avait découvert en Norvège lors d’un précédent voyage. C’est la première fois que de tels "patins de neige " sont introduits dans les Alpes.Il se rend également à Lucerne pour des conférences. Non loin Davos Platz, se trouvent les chutes de Reichenbach, cadre magnifique, grandiose et terrifiant, propice à une fin dramatique, pour Sherlock Holmes. En octobre, il apprend la mort de son père. En décembre, au terme d’une nouvelle série de douze aventures, Holmes meurt, entraîné dans une chute au fond du gouffre de Reichenbach par le professeur Moriarty dans Le Dernier problème. Malgré les virulentes protestations du public (dans les rues de Londres, on voit alors certains anglais porter un brassard noir, en signe de deuil)., et de sa mère, Doyle refuse de ressusciter son détective.
Une nouvelle vie commence. En 1894, il donne une série de conférences aux Etats-Unis puis est reçu par Rudyard Kipling dans le Vermont. Il correspond également avec Robert-Louis Stevenson qui avoue raconter les histoires de Sherlock Holmes aux indigènes samoans. Sa pièce Waterloo est jouée à Londres (au Lyceum avec Henry Irving). A Davos, il écrit Les Exploits du Brigadier Gérard, (premier roman de la saga du soldat du Premier empire, et Rodney Stone, un roman consacré à la boxe, publié en 1896.
 
Au printemps 1895, de retour en Angleterre, il décide de faire construire une maison dans le Surrey quand on lui dit que l’air y est encore meilleur que celui de Davos pour soigner la tuberculose. Mais au cours de l’automne 1895, pour améliorer la santé de sa femme, Doyle séjourne plusieurs mois au Caire. Lorsque le conflit entre les Britanniques et les derviches monte en puissance, il devient correspondant de guerre pour la Westminster Gazette. De retour en Angleterre, ils s’installent à Hindhead, dans le Surrey et cette période lui inspire le roman La Tragédie du Korosko.
 
En janvier 1897, parait sa première aventure du pirate Sharkey dans le Pearson’s Magazine, suivie de deux autres en mars et en mai. Le 15 mars, de passage à Londres, Conan Doyle tombe amoureux d’une femme âgée d’une vingtaine d’années, Jean Leckie. N’etant pas homme à divorcer, commence un amour platonique partagé. En mai, parait L’Oncle Bernac, récit napoléonien où sa passion impériale s’essouffle.
 
Le 11 octobre 1899, la guerre éclate entre l’Angleterre et les républiques africaines d’Orange et du Transvaal, dans le Sud de l’Afrique. Doyle s’engage en décembre. Malheureusement, le régiment du Middlesex Yeomanry le met sur liste d’attente. Parallèlement, un ami, John Langman, qui désire lever un hôpital de cinquante lits en Afrique du Sud, lui propose de superviser l’opération. Le 28 février, il s’embarque, acoste au Cap le 21 mars pour diriger cet hôpital à Bloemfontein, capitale de l’état d’Orange. Il y rencontre le jeune Winston Churchill. Il rentre en Angleterre le 10 juillet.
 
En octobre 1900, il se présente aux élections à Edimbourg pour être élu député, comme candidat unioniste (conservateur), partisan du maintien de l’Irlande au sein du Royaume-Uni. Mais il est battu. Il écrit deux récits : L’Histoire de la guerre des Boers et un pamphlet, la Guerre en Afrique du Sud en 1902. Ce dernier est une réponse virulente à ceux qui accusent les Anglais d’avoir maltraité les Boers (viols, utilisation de balles dum-dum,…). Cette prise de position, davantage que sa participation au conflit, lui vaut le titre de Chevalier (Knight of Grace of the Order of St-John of Jerusalem) en 1902. Il est désormais Sir Arthur Conan Doyle.
 
En août 1901 parait Le chien des Baskerville, aventure de Sherlock Holmes antérieure à sa disparition dans les chutes de Reichenbach, où l’engoisse propre aux romans fantastiques est résolue par des explications rationnelles, est l’un des récit les plus célèbres des Aventures de Sherlock Holmes(1891-1927). Sans créer le genre ni le type du policier amateur à l’intelligence scientifique, Conan Doyle l’a porté à son apogée, et lui à donné des dimensions que l’on découvre peu à peu. Les premières aventures ont rapidement eu un immense succès. Très vite, des milliers de personnes, persuadées de son existence, écrivent au détective de Baker Street. Le mythe Sherlock Holmes est né. Des écrivains, des universitaires écrivent au sujet du personnage, renforçant ainsi son épaisseur. Aujourd’hui, Sherlock Holmes comptent des milions d’admirateurs de par le monde. Les "holmesiens" (les nords américains préfèrent parler de "sherlockiens") ont faits de l’holmsésologie une véritable science. Feignant de croire à l’existence de leur héros, ils étudient les moindres aspects des écrits du Docteur Watson avec un sérieux impérturbable. Curieusement, les holmesiens ne semblent guère apprécier Conan Doyle. Il est vrai que celui ci a délibérement cherché à tuer leur héros, en 1891 en publiant Le dernier problème, aventure dans laquelle Sherlock Holmes disparait dans les chutes de Reichenbach avec son ennemi mortel, Moriarty. Il faut dire que notre auteur considérait vraiment les aventures de Sherlock Holmes comme de la littérature purement alimentaire qui, pensait-il, risquait de porter ombrage au reste de son oeuvre.
 
En septembre 1903, après le succès du Le chien des Baskerville, un éditeur américain lui propose 45 000 livres pour treize nouvelles aventures de Sherlock Holmes. Conan Doyle accepte et « ressuscite » son héros dans La Maison vide. Il livrera finalement 33 nouvelles aventures jusqu’à The Adventure of Shoscombe Old Place, publiée en mars 1927.
 
En janvier 1904, il reprend ses recherches sur le Moyen Âge, interrompues par la guerre des Boers, pour rédiger un roman, dont l’action se déroule avant celle de La Compagnie blanche, qui sera publié en feuilleton dans The Strand Magazine en 1905 et 1906 sous le titre Sir Nigel.
En août 1905, à l’occasion de la signature de l’Entente cordiale, il reçoit en grande pompe dans sa maison du Surrey, une délégation d’officiers de marine français, en visite officielle, emmenée par le vice-amiral Caillard.
 
En janvier 1906, Sir Arthur se représente aux élections (toujours unioniste donc conservateur) et subit une nouvelle défaite. La santé de sa femme Louise, s’aggrave subitement. Une tumeur se déclare et entraîne une paralysie partielle. Elle s’affaiblit peu à peu puis s’éteint le 4 juillet 1906. Ce drame le plonge dans un état de prostration proche de la dépression. Il se lance alors à corps perdu dans l’affaire Edalji, jeune notaire d’origine indienne, condamné à sept ans de prison pour avoir envoyé des lettres anonymes et mutilé du bétail. A la manière de Sherlock Holmes, Doyle mène l’enquête, prouve son innocence et le fait libérer.
 
Sir Arthur se remarie le 18 septembre 1907 avec Jean Leckie dont il était amoureux depuis 1897 mais avec qui il n’entretenait qu’une relation amicale par respect pour sa femme. Il s’installe à Crowborough dans le Sussex, en 1908, où Jean lui donne trois enfants (Denis en mars 1909, Adrian le 19 novembre 1910 et Jean Lena en 1912).
 
Deux ans plus tard, le public découvre les crimes commis au Congo par l’administration belge. Doyle décide alors de mener une action à l’échelle internationale : publication d’un livre intitulé Le crime du Congo ; envoi de plusieurs articles dans tous les journaux et correspondance avec le président des Etats-Unis et l’empereur d’Allemagne. Tous les moyens sont bons pour faire cesser ces crimes qui, en vingt ans, firent plus de victimes qu’un siècle d’esclavagisme dans toute l’Afrique.
 
Comme le justicier a pris goût au combat, il intervient en 1910 pour rétablir la vérité dans l’affaire Oscar Slater, un juif allemand accusé de meurtre et condamné à mort.Doyle relève de graves irrégularités dans l’enquête policière.Persuadé de l’innocence de l’accusé, il cherche à la prouver. Il n’y parvient pas complètement mais arrive à faire commuer la peine capitale en réclusion à perpétuité. L’innocence ne sera finalement prouvé qu’en 1927. 
En avril 1912, Doyle crée un nouveau personnage qui va marquer le monde littéraire : le professeur Challenger dans Le Monde perdu.
 
En 1913, il mène campagne pour le tunnel sous La Manche.
 
En 1914, il visite l’Amérique du nord. Lorsque la première guerre mondiale éclate, Doyle forme une unité locale de volontaires qui deviendra plus tard officiellement la Crowborough Company of the 6th Royal Sussex Volunteer Regiment, où il servira comme deuxième classe. Mais lorsqu’il désire partir pour le front, ce " privilège " lui est refusé en raison de son âge (55 ans). Il met donc sa plume au service de son pays et publie un pamphlet de ralliement intitulé To Arms ! Durant toutes les hostilités, il rédige avec soin History of the British Campaign in France and Flanders(1915-1920). Pour cela il est en relation directe avec des généraux sur le front qui lui transmettent toutes les informations. En 1916, il visite les fronts anglais, italiens et français et rencontre même Clemenceau à Paris. La même année, son fils aîné, Kingsley, est gravement blessé à la bataille de la Somme. Il décédera d’une pneumonie, affaibli par la grippe espagnole, en octobre 1918. En février suivant, c’est le frère de Doyle, Innes, alors brigadier-général (général de brigade), qui meurt de la même façon.
 
Toujours en 1916, Doyle intervient pour obtenir la grâce de Sir Roger Casement, un des chefs des insurgés irlandais rallié en pleine guerre à l’Allemagne. Malgré tous ses efforts l’écrivain ne pourra pas le sauver.Accusé de trahison, Sir Roger Casement est exécuté.
 
En ctobre 1917, parait Son Dernier coup d’archet où Sherlock Holmes apparaît à la veille de la Première guerre mondiale, ce qui constitue la dernière aventure du héros d’un point de vue chronologique.
 
Le 21 octobre 1916, Doyle annonce, dans la revue spirite Light, sa conversion au spiritisme. Durant les dernières années de sa vie, il devient le "croisé " de ce système qui prêche le salut de l’humanité par la science. Ainsi, de 1920 à 1923, il donne une série de conférences spirites en Australie, aux Etats-Unis et au Canada.
 
En 1921, sa mère meurt. Son épouse se découvre des talents de médium.
En 1922, il apporte son soutien aux fillettes qui prétendent avoir photographié des fées à Cottingley, alors que les documents sont des montages qui ne trompent que lui… ou presque. Il fait paraitre Les Fées sont parmi nous.
 
Il publie son autobiographie, Souvenirs et aventures en 1924 et ouvre, en 1925, une librairie spirite, The Psychic Bookshop à Londres, où il assure l’édition de ses propres ouvrages. Il publie notamment une Histoire du Spiritisme en deux volumes et La Vallée des brumes, la dernière aventure du professeur Challenger sur un thème spirite.
 
En mars 1927, parait sa dernière nouvelle de Sherlock Holmes dans le Liberty Magazine, L’Aventure de Shoscombe Old Place.
 
Il consacre de plus en plus son activités à donner des conférences : à Paris, au Congrès spirite international de 1925 ; à Londres, au Congrès de 1928 qu’il préside ; puis en Afrique du Sud, en Rhodésie, au Kenya, en Hollande, et dans les pays scandinaves. A l’issue de ces voyages, en 1929, exténué, il est victime d’une crise cardiaque. Malgré tout, contre l’avis de ses médecins, il insiste pour parler lors d’une cérémonie commémorant l’Armistice, puis passe les semaines qui suivent alité. Il se remet peu à peu mais le 7 juillet 1930 à l’aube, une ultime crise cardiaque le terrasse.